Le ton s'adoucit, les mots sont bien choisis et définis, plus de termes saumâtres, plus de propos provocateurs, ni de déclarations fâcheuses. «Je reste convaincu qu'il faut une approche plus politique, plus concertée, plus rapide et plus volontariste», a dit Nicolas Sarkozy, dans le discours prononcé en marge du colloque organisé à l'occasion du 40e anniversaire de la Chambre de commerce franco-arabe (CFA), à l'Institut du Monde arabe à Paris. Les rapports entre le Monde arabe et la France sont complexes et pas toujours évidents, connaissant plus de bas que de hauts ces dernières années. Des évolutions pas toujours positives ont eu lieu dans les relations franco-arabes. Aussi, l'occasion était-elle propice pour le chef de l'Etat français de remettre les choses à l'endroit en repositionnant ces rapports dans leur véritable contexte. Le président Sarkozy s'est ainsi exprimé à l'adresse des Arabes, saisissant l'occasion pour recentrer son discours et expliciter sa politique en direction d'un Monde arabe qui représente tout de même 300 millions de consommateurs qui ne sauraient laisser indifférent un pays comme la France. Le chef de l'Etat français n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler que les relations commerciales arabo-françaises pèsent 55 milliards d'euros annuellement. C'est, certes, important, mais elles demandent, néanmoins, à être beaucoup plus dynamisées. Dans ce cadre et d'emblée, M.Sarkozy affirme: «Il y a une spécificité dans les relations franco-arabes, qui tient aux liens humains tissés par l'histoire et, disons-le, par une passion réciproque» et d'ajouter que «ces liens font la richesse et la diversité de cette relation et ces liens permettent d'envisager une intégration sereine». «Une intégration qui ne renie pas ce que l'on est et d'où l'on vient, sinon on dirait une insémination», a-t-il précisé. Spécificité dans les relations franco-arabes, une passion réciproque, diversité de cette relation et, pour couronner le tout, M.Sarkozy parle d'intégration sereine, des propos qui se veulent autant prometteurs que rassurants. On se rappellera qu'après son élection à la magistrature suprême de son pays en 2007, Nicolas Sarkozy entendait rééquilibrer la diplomatie française dans la région au nom de sa politique de rupture. Un peu plus de trois ans après son arrivée à l'Elysée, il fallait donc faire un bilan de ce qui a été fait et ce qui reste à faire. Or, M.Sarkozy a éludé cet aspect de la question s'étalant largement, en revanche, sur un projet qui lui tient à coeur: l'Union pour la Méditerranée. Une UPM qui tangue et a quelque peu du plomb dans l'aile. Le président Sarkozy a, ainsi longuement évoqué l'UPM. «La France ne renoncera pas au projet de l'Union pour la Méditerranée, qui est un élément majeur de sa politique étrangère», a-t-il tenu à souligner. Depuis sa création, en juillet 2008, l'Union pour la Méditerranée n'a pas pu se réunir au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, en raison de l'impasse dans les négociations de paix israélo-palestiniennes. Un sommet prévu ce week-end à Barcelone a ainsi été annulé après celui déjà reporté en juin, qui devait se tenir dans la capitale de la Catalogne. Cet échec à rassembler les 43 membres de l'UPM a un lien direct après les déboires que connaissent les tentatives de relance des pourparlers entre Israël et les Palestiniens. Pour les mêmes raisons, Nicolas Sarkozy avait dû renoncer, le mois dernier, à réunir à Paris le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu pour préparer cette échéance (sommet de l'UPM, Ndlr). Fin septembre, le président français avait déclaré que l'Union européenne et l'UPM devaient être parties prenantes au processus de paix, estimant que si le rôle des Etats-Unis était «irremplaçable», il n'était pas suffisant pour faire avancer les choses. Perçu comme un ami de l'Etat hébreu par les opinions publiques arabes, vu l'amélioration des relations franco israéliennes après son arrivée à l'Elysée - relations qui étaient exécrables sous le mandat de Jacques Chirac - Nicolas Sarkozy est venu plaider, à la surprise générale, devant la Knesset, lors de sa visite en Israël en juin 2008, pour un gel total de la colonisation et pour le droit à la reconnaissance d'un Etat palestinien. Après lui avoir reproché de s'aligner systématiquement sur la politique américaine, les capitales arabes ont souligné ses efforts en vue de la relance du processus de paix.