L'économiste a critiqué la visite en Algérie de l'ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin. L'investissement étranger ne garantit pas une relance économique nationale. C'est ce qui ressort des déclarations faites, hier, par l'économiste Bachir Mostefa, professeur à l'université d'Alger. «Croire que l'investissement étranger offre des perspectives économiques de développement est un leurre», a déclaré le Dr Mostefa, lors d'une conférence-débat organisée au siège du quotidien Echaâb, à Alger. Cette conférence a porté sur le thème «Lecture de la crise économique mondiale à travers la pensée de Malek Bennabi». La rencontre coïncide avec le 37e anniversaire du décès de ce penseur algérien. Elle a vu la participation du Dr Ahmed Benbitour, ancien chef de gouvernement, et du Dr Amar Talbi, président de l'Association des ouléma musulmans algériens. Dans son intervention, le Dr Mostefa a stigmatisé la visite en Algérie de l'ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin. «Cette visite nous donne un aperçu des relations bilatérales basées, uniquement, sur l'intérêt économique que représente l'Algérie pour la France», a-t-il regretté. Pis, il a émis des réserves sur les visées réelles de cette visite. «La venue de M.Raffarin traduit-elle une volonté politique d'échanges réels entre l'Algérie et la France?», s'est interrogé le Dr Mostefa. Dans cet ordre d'idées, le conférencier a mis l'accent sur la confusion induite par la notion de «transfert des technologies». «Les conditions psychosociologiques des pays en voie de développement sont totalement différentes de celles des pays développés. Cette inégalité rend caduc le transfert des technologies», a-t-il argumenté. Explicitant ses idées, le Dr Mostefa a estimé que des pays comme l'Algérie vivent la phase de leur enfance en termes de développement économique alors qu'à l'opposé les pays avancés sont à l'apogée du développement technologique. «On ne transmet pas la technologie comme une usine clés en main», a-t-il signalé. Le conférencier a estimé que l'investissement dans les ressources humaines est le seul garant d'une relance économique réelle. Il s'est référé en cela aux écrits du penseur Malek Bennabi. Pour ce faire, il a mis en exergue une équation chère à M.Bennabi: l'équité entre la consommation et la production. Sur ce plan, il a insisté sur la nécessité d'affirmer l'éthique comme base d'échanges économiques. «La réhabilitation des valeurs sociologiques est la condition sine qua non pour libérer les centres de décision de la sphère économique et fonder un courant économique dont l'être humain est le centre d'intérêt», a-t-il préconisé. Pour sa part, l'économiste Tayeb Yacine a axé son exposé sur les causes de la crise monétaire mondiale. Il a inscrit celle-ci dans le processus des crises cycliques que vit le système capitaliste. De son côté, le Dr Ahmed Benbitour a souligné que la révolution technologique induite par les nouveaux moyens de communications, notamment l'Internet, impose des changements structurels aux instituions économiques, voire politiques. Pour rappel, cette conférence constitue le baptême du feu du Centre Amel El Ouma (L'espoir de la nation) de recherches et d'études stratégiques nouvellement créé.