Des mesures d'encouragement très importantes ont été décidées et des sanctions sévères ont été retenues contre les entreprises défaillantes. Une bouffée d'oxygène pour les entreprises publiques économiques. Le gouvernement algérien gâte, encore une fois, les EPE en leur venant au secours financièrement. Après le statut de privilégié que leur accorde le nouveau Code des marchés, les EPE bénéficient d'une aide très importante de la part de l'Etat. Le gouvernement a donné son aval pour débloquer une enveloppe financière de 120 milliards de dinars au profit de 51 entreprises publiques économiques activant dans le secteur des Travaux publics. C'est le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, qui a dévoilé hier l'information, à l'occasion de l'organisation de deux journées d'étude qui ont regroupé les directeurs des travaux publics et les chefs d'EPE activant dans son secteur. Lors de cette réunion, tenue à l'hôtel Er-Riadh, à Alger, le ministre a affirmé que le gouvernement, après examen du dossier, a donné son vert pour venir en aide aux EPE relevant des TP. «Après l'aval du Premier ministre, mon département a informé les parties concernées telles les banques et les EPE», a déclaré le ministre. Notons que la «générosité» du gouvernement concerne, également, les bureaux d'études, (BE), et laboratoires activant dans ce secteur. Les 120 milliards seront répartis comme suit: 50 milliards de dinars sont destinés rien que pour l'assainissement financier des EPE et le paiement de leurs dettes fiscales et parafiscales, 68 milliards de dinars ont été débloqués dans le cadre du programme d'investissement des entreprises publiques. Selon le ministre, cette aide financière permettra aux EPE d'acquérir un équipement moderne, de consolider leurs capacités de production et de renforcer leurs rangs par une ressource humaine qualifiée et susceptible de prendre en charge le programme d'investissement décidé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014. Amar Ghoul a annoncé que 2 milliards de dinars sont consacrés aux volets relatifs à la formation, au recyclage et à la recherche appliquée. Le ministre a, dans un point de presse animé en marge de ces deux journées, rappelé que l'Etat donnera toujours la priorité aux entreprises nationales. «Le recours aux entreprises étrangères sera l'exception de l'exception», a insisté M.Ghoul. Cette aide est loin d'être de l'argent jeté par la fenêtre. En dernier, des comptes seront rendus et des têtes vont tomber, a promis le ministre. Cette politique vise des objectifs divers. Sur le plan de professionnalisation des EPE, le ministre exige des entreprises bénéficiaires de l'aide de l'Etat de porter leur production, estimée actuellement 60 milliards de dinars, à 130 milliards de dinars vers la fin 2014. Ces entreprises sont sommées de créer à elles seules, 20.000 postes d'emploi pour la même période. Autrement dit, le ministre affirme que son département envisage d'atteindre 50.000 emplois créés en 2014. Le responsable a rappelé qu'à présent, les entreprises activant dans son secteur ont participé à la création de 30.000 postes d'emploi. Ce n'est pas tout. Le ministre «jure» qu'il «n'y aura plus de place aux entreprises partisanes du moindre effort». A ce titre, un contrat de performance sera appliqué dès le début de l'année prochaine, a-t-il révélé. Ce contrat de performance concernera aussi bien les entreprises, les bureaux d'études que les laboratoires. Les directions de wilayas des travaux publics arrêteront, en collaboration avec les EPE, les bureaux d'études et les laboratoires, leur programme d'exécution chaque année. Ces organismes seront sommés de faire une évaluation de leurs chantiers tous les trois mois. Les DTP l'établiront tous les quatre mois. «Des inspecteurs des travaux publics seront chargés du suivi, du contrôle et de l'évaluation des projets» inscrits dans chaque DTP, a indiqué le ministre. Et d'insister que chaque partie sera obligée de présenter son bilan d'exécution aux inspecteurs du ministère. Pour renforcer les mécanismes de contrôle, Amar Ghoul a annoncé la création d'une direction des moyens d'études et de réalisation. Cette direction centrale aura pour mission de chapeauter les projets du ministère. Elle coordonnera toutes ces actions avec les DTP, EPE, BE et les laboratoires du portefeuille. Après évaluation, ça sera soit les félicitations soit les sanctions. Le ministre affirme que le contrat de performance prévoit de sévères sanctions contre «les bras cassés». «Il y des objectifs à atteindre. L'entreprise qui ne relèvera pas le défi sera sanctionnée». Sans s'étaler sur la nature de la sanction, le ministre affirme que l'entreprise défaillante sera radiée de la listes des entreprises soumissionnaires dans son secteur. Pis encore, au bout des deux premières évaluations, soit six mois après exécution du projet, l'entreprise risque d'être remplacée si le bilan général du projet est jugé mitigé. S'adressant aux directeurs d'entreprises ayant pris part à ces journées d'étude, le ministre met en garde: «La balle est dans votre camp. Que chacun assume ses responsabilités», a-t-il averti. Le ministre a annoncé, également, la création de l'école des métiers des travaux publics. Elle sera chargée, selon Amar Tou, de la formation des agents d'entretien des espaces verts, de l'éclairage routier, de la signalisation.