Cette décision s'ajoute aux hausses se situant entre 10 à 20% pour les salariés du secteur économique privé et de 20 à 25% pour les employés des EPE. Le salaire national minimum garanti (Snmg) a été fixé à 12.000 dinars. C'est le verdict qui a sanctionné les travaux de la 12ème tripartite ayant regroupé, samedi soir, le trio gouvernement, Ugta et patronat. La dernière décision de ce genre est intervenue le 1er janvier 2004 et donnait une hausse de 2000 dinars, soit un Snmg de 10.000DA au lieu de 8000. Cette nouvelle hausse intervient après de longues négociations salariales entre d'un côté, les fédérations de l'Ugta et de l'autre entre le syndicat et les patrons privés. Des pourparlers qui ont abouti à des hausses se situant entre 10 à 20% pour les salariés du secteur économique privé et de 20 à 25% pour les employés des EPE (Entreprises publiques économiques). Les conventions de branche signées avec les SGP et le patronat, samedi lors de la tripartite, devront rendre effectives les hausses décidées. Le nouveau Snmg, quoi que toujours insuffisant, vient ainsi mettre du baume au coeur de millions de travailleurs. Une bouffée d'oxygène pour les travailleurs. Il fallait s'y attendre, car les travailleurs, lassés par une discussion qui traîne comme un boulet au pied, commençaient à ne plus croire aux promesses qu'on ne cessait de chanter çà et là. «Cette décision prise unanimement vient conclure un long processus de concertations et de dialogue», laissa entendre, Abdelaziz Belkhadem, chef du gouvernement, entouré d'une dizaine de ses ministres. Selon lui, la décision de revoir à la hausse le Snmg répond à l'état vulnérable du pouvoir d'achat. Quant à l'incidence financière de cette décision, l'enveloppe initiale a été évaluée à 98 milliards de dinars, soit environ 1,07 milliard d'euros. Toutes les pensions de retraite et d'invalidité n'atteignant pas le seuil du nouveau Snmg et qui sont estimées à 900.000 devront être alignées sur la même fourchette. Une telle opération devrait coûter à l'Etat quelque 13,5 milliards de dinars, soit 148 millions d'euros environ. Les salaires impayés des entreprises en difficulté sont également pris en compte, tandis que la révision de l'article 87 bis du code de travail fait l'objet d'une étude au sein d'une commission spéciale. Les syndicalistes de l'Ugta sourient. C'est un pari gagné après de nombreux aller-retour. Sidi-Saïd qui se targuait d'une intuition rarement prise en défaut a pu, en fin de compte, réussir une réhabilitation auprès des siens. Mais il avoue, néanmoins, que la mission la plus ardue demeure la mise en application des recommandations issues de la tripartite. C'est déjà un pas en avant en attendant cette concrétisation, lui répond Abdelaziz Belkhadem. «Les mesures qui seraient prises à l'égard du Snmg auront une forte implication sur plusieurs catégories de la population et seraient de nature à répondre à leurs attentes.» Le chef de l'Exécutif affichait un profil plus décontracté après avoir «accouché» de la hausse tant attendue. C'est l'une des batailles importantes pour lui, en attendant l'autre ayant trait à la révision de la Constitution. De son côté, le secrétaire général de la Centrale syndicale ne fait plus pâle figure. Avec la décision d'un nouveau Snmg et la signature des conventions de branche, c'est un chapitre essentiel du front social qui est clos. Mais avec la paraphe du Pacte national économique et social, le gros morceau de la tripartite, c'est comme si, désormais, le bateau socioéconomique est reconduit dans une eau des plus paisibles que jamais. «Partenaires sociaux et économiques s'engagent, donc par ce pacte, à apporter chacun sa pierre à l'édifice pour que soient réunis et mis à profit, dans un climat apaisé, les conditions devant permettre de concrétiser trois actions essentielles», souligne Abdelaziz Belkhadem. Il s'agit, a-t-il dit, de développer la production nationale dans tous les domaines de compétitivité possible et de soutenir les revenus tirés des hydrocarbures. Il est question, aussi, de dégager les moyens et les instruments d'une politique sociale efficiente et d'un développement le plus équitablement réparti. Le Pacte national économique et social adopté par les trois partenaires a une durée de vie de quatre ans. Quant aux conventions de branche, une cinquantaine avec les SGP et un accord collectif avec le patronat, ont mis en exergue, à en croire le successeur d'Ahmed Ouyahia, la différence de capacité des entreprises à supporter une augmentation des salaires. Il est impératif, d'après lui, de mettre à niveau un bon nombre d'entre elles pour la sauvegarde de l'emploi et assurer leur survie et leur développement. Le trio s'est débarrassé d'un paquet devenu encombrant. «Ainsi donc et malgré les difficultés rencontrées par certaines entreprises, les travailleurs des secteurs économiques public et privé sont, à leur tour, concernés par la revalorisation des salaires», a réaffirmé Abdelaziz Belkhadem. Lui succédant, le Sg de l'Ugta annonce, d'emblée, sa nouvelle bataille. Il est question de définir la nouvelle grille des salaires et reconstruire les statuts particuliers. Une autre logique est à l'oeuvre. Pour Sidi-Saïd, il ne s'agit pas à travers cette étape de réunifier deux blocs qui se regardaient en chiens de faïence, mais de stabiliser le front social et consolider l'entreprise. Des impératifs d'équilibre socioéconomique qui s'imposent plus que jamais, à en croire Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entreprises algériennes (Cgea). Boualem M'Rakach, président de la CAP, qualifie, quant à lui, le pacted'ensemble de solutions qui sanctionnent les efforts consentis et qui ouvrent la voie à de nouvelles conquêtes. Le défi actuel est de déterminer les modalités de mise en oeuvre des décisions prises et les engagements de chaque partie, promis et jurés dans les textes du Pacte national économique et social.