La ministre espagnole des Affaires étrangères soutient l'élargissement des prérogatives de la Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) aux droits de l'homme. La sortie médiatique de celle qui a succédé à Miguel Angel Moratinos vient réactiver une vieille revendication du Front Polisario. C'est au cours d'une conférence de presse qui s'est tenue à Lisbonne en présence de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, et du chef de la diplomatie britannique, William Hague, que Trinidad Jimenez s'est prononcée en faveur de l'élargissement des prérogatives de la Minurso à la protection et la surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental. «L'Espagne se félicite que cette option chaque année rejetée par le Conseil de sécurité de l'ONU en raison de l'opposition explicite de la France, demeure une possibilité», a souligné le chef de la diplomatie espagnole. Dans une lettre adressée à Sir Mark Lyall Grant, président du Conseil de sécurité de l'ONU, après l'assaut lancé par les forces d'occupation marocaines le 8 novembre contre le camp de réfugiés sahraouis de Gdeim Izik, le Front Polisario est revenu avec insistance sur une «rectification d'urgence des échecs passés du Conseil de sécurité en introduisant la mission de surveillance des droits de l'homme au sein de la Minurso, tel que recommandé par le Haut commissariat aux droits de l'homme de l'ONU en 2006», a écrit dans son message, Ahmed Boukhari, le représentant de la Rasd à l'ONU. Un pavé dans la mare des relations maroco-espagnoles? Probablement. Surtout lorsqu'il s'agit d'aller à contre-courant du projet annexionniste concocté par le trône alaouite pour le Sahara occidental. Le pouvoir marocain peut crier haut et fort et à qui veut l'entendre que ses relations avec le gouvernement de José Luis Zapatero sont au beau fixe, il n'empêche que des brèches de taille et non des moindres ont été constatées quant à l'approche de Rabat et de Madrid en ce qui concerne le dossier du Sahara occidental. Ces divergences provoqueront-elles un clash entre les deux pays? Leurs relations sont déjà minées par le statut de Ceuta et Melilla, deux villes administrées par l'Espagne et revendiquées par le trône chérifien tout comme l'îlot Persil, l'îlot d'Alboran et las Plazas de soberanía. La position du Maroc est inconfortable. Il se met dans la même situation que celle du cordonnier qui est mal chaussé. Une situation bancale qui met dans l'embarras le Makhzen qui, en plus de faire contre mauvaise fortune bon coeur, tente d'arrondir les angles s'agissant notamment des échanges commerciaux avec ses partenaires européens. Inévitablement, l'attaque du camp de Gdeim Izik par les forces d'occupation marocaines ressurgit. Le gouvernement marocain ébranlé et éclaboussé par cette affaire donne sa version des faits. «Face aux événements de Laâyoune, dont tout le monde aujourd'hui reconnaît l'origine, constate l'instrumentalisation et identifie leurs véritables commanditaires, mais aussi leurs principales victimes dans les rangs des forces de maintien de l'ordre, le Maroc ne demande pas la complaisance de ses partenaires. Il réclame, au contraire, une attitude lucide, objective et réaliste, loin de toutes manipulations, extrapolations ou précipitations», indique un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération rendu public mardi et répercuté par une dépêche de l'agence de presse officielle MAP datée du 23/11/2010. Cette déclaration est de circonstance. En effet, le Parlement européen (PE) doit se pencher sur la situation au Sahara occidental, après l'assaut sanglant mené par l'armée marocaine contre le camp Gdeim Izik. Une information livrée par le quotidien espagnol El Mundo, citant le président d'une commission du Parlement européen. «Le PE a décidé de discuter de la situation au Sahara occidental le 1er décembre 2010, en présence de représentants du Front Polisario et du Maroc, a ajouté la même source. Il votera également une résolution appelant le Maroc à donner des explications sur ce qui s'est passé et le respect des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental», ajoute la même source. Ceci expliquant cela, le Maroc affûte son système de défense. «Il est aujourd'hui confirmé que plusieurs milieux européens, particulièrement espagnols, font l'objet, consciemment ou inconsciemment, d'une manipulation systématique qui frise souvent le délire médiatique et la dérive politique», accuse le département de Taieb Fassi Fihri qui n'a pas fini de régler ses comptes avec la presse espagnole. Le Maroc botte en touche, Trinidad Jimenez remet la balle au centre.