Les alliés européens de Washington reprenaient hier la position défendue par la Maison-Blanche, qui a dénoncé une publication «irresponsable et dangereuse» qui pourrait faire courir des risques mortels à des individus. Sous le choc et embarrassées, les diplomaties mondiales cherchaient hier à organiser la riposte, au lendemain de la divulgation par des médias d'une partie du contenu de 250.000 câbles diplomatiques américains récupérés par le site WikiLeaks. Appel du roi Abdallah d'Arabie saoudite aux Etats-Unis pour qu'ils attaquent l'Iran, informations selon lesquelles ce pays a obtenu auprès de la Corée du Nord des missiles très performants, jugements peu amènes sur les principaux dirigeants mondiaux...les documents ont déclenché une onde de choc aux conséquences encore imprévisibles. Alors que les premières fuites de WikiLeaks, en juillet sur l'Afghanistan et en octobre sur l'Irak, contenaient peu d'importantes révélations, ces documents jettent une lumière crue sur les coulisses de la diplomatie. Les alliés européens de Washington reprenaient hier la position défendue par la Maison-Blanche, qui a dénoncé une publication «irresponsable et dangereuse» qui pourrait faire courir des risques mortels à des individus. Londres a condamné «toute publication non autorisée d'informations classifiées» pouvant «mettre à mal la sécurité nationale». La France, par la voix du porte-parole du gouvernement, François Baroin, s'est déclarée «très solidaire de l'administration américaine» face à la révélation de ces secrets diplomatiques, qu'elle considère comme une «menace» visant «l'autorité et la souveraineté démocratiques». Le ministre italien de la Défense, Ignazio La Russa, a relativisé de son côté la portée des documents, qualifiés lundi de «piètres ragots». Si l'ONU n'a pas voulu commenter directement la collecte d'information par les diplomates américains sur ses fonctionnaires, le chef de la diplomatie belge, Steven Vanackere, a critiqué une «confusion entre le travail diplomatique et l'espionnage». Au Proche-Orient, un haut responsable israélien estime qu'Israël «s'en tire à très bon compte», les révélations montrant, selon lui, que son gouvernement «n'a pas un double langage et dit en privé ce qu'il dit en public», les fuites confirmant la position officielle d'Israël en faveur d'une grande fermeté à l'égard de Téhéran. Plus gênant, les documents révèlent la très grande inquiétude des pays arabes, Arabie Saoudite en tête, face au programme nucléaire iranien. Et de multiples demandes du roi Abdallah pour que les Américains engagent une action militaire contre Téhéran, afin de «couper la tête du serpent» auquel il compare l'Iran. Ces informations sont susceptibles de créer de nouvelles tensions dans la région. Et les alliés arabes des Etats-Unis dans le Golfe gardaient hier un silence embarrassé face à des révélations dévoilant leur double langage: d'une part, des appels publics à un règlement politique avec l'Iran et d'autre part, des entretiens privés poussant les responsables américains à l'option militaire. «Tout cela est très négatif. Ce n'est pas bon pour bâtir la confiance», a réagi un conseiller gouvernemental saoudien sous couvert de l'anonymat. Ces derniers jours, la diplomatie américaine avait tenté de limiter les dégâts en alertant plus d'une dizaine de pays, afin de préparer leurs gouvernements. «La fuite des câbles américains déclenche une crise diplomatique mondiale», affirmait même hier The Guardian (Grande-Bretagne), qui a eu accès aux documents de WikiLeaks, Ainsi, les partenaires de Washington ne sont pas épargnés par les diplomates américains. Silvio Berlusconi comme «irresponsable», Angela Merkel comme faisant «rarement preuve d'imagination» et Vladimir Poutine est qualifié de «mâle dominant».