La religion peut-elle aider à prévenir contre le sida? La Forem semble y croire... La Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) a initié une journée de formation pour la lutte contre le sida au profit des imams. Des dizaines de prêcheurs, des responsables de la Forem ainsi que des représentants du ministère des Affaires religieuses ont assisté à ce séminaire qui a eu lieu, hier, à Dar El Imam à Mohammadia (Alger). Conscients du rôle prépondérant qu'acquièrent, d'année en année, les imams dans la société, les responsables de cette association ont décidé d'exploiter l'influence dont jouissent ces religieux pour faire de la prévention et sensibilisation en matière du sida auprès de leurs ouailles. «L'imam a un rôle social. Les gens l'écoutent, même si ce n'est pas le cas de tout le monde. Quand je parle avec un imam, qui parlera, par la suite, avec deux ou trois autres personnes, c'est comme si j'avais parlé à quatre personnes», explique le professeur Mostefa Khiati, président de la Forem, l'association organisatrice de l'événement. «Les imams peuvent jouer un rôle très important auprès des citoyens. En formant cette catégorie de personnes en matière de prévention contre le sida, on va multiplier le gain», ajoute-t-il. Pour lui, il est impératif, aujourd'hui, de ne pas négliger les potentialités qui existent dans le domaine de la sensibilisation et de la prévention. Au cours de cette journée, des exposés sur les dernières évolutions de ce phénomène qui prend une dimension alarmante en Algérie, ces dernières années, ont été présentés par des spécialistes devant les imams présents. «Les chiffres qui ont été annoncés par le ministère de la Santé, il y a quelques jours, (600 nouveaux cas de séropositifs en Algérie) sont très importants. Cela veut dire que toutes les dix heures, il y a un cas diagnostiqué en Algérie. Et là encore, il ne s'agit que des cas qui passent par l'hôpital», indique M.Khiati. Au cours de son allocution, ce professeur a rappelé que cette maladie contagieuse est un phénomène social d'une grande importance. «Nous l'avons négligé durant les trois dernières années. Et aujourd'hui, on s'aperçoit que le problème est grave. Il faut redoubler d'efforts pour justement lutter contre le sida par essentiellement la sensibilisation et la prévention, parce que nous n'avons pas d'autres moyens», insiste le président du Forem. Mostefa Khiati a souligné le fait que les personnes atteintes par cette maladie souffrent de plusieurs problèmes. «Les gens qui sont malades ne sont pas sûrs d'avoir les médicaments pour se faire traiter. Le traitement du sida coûte cher. Près de 10.000 dollars par an pour un seul patient», fait-il remarquer. Et de poursuivre: «Ils souffrent de ruptures de stocks de médicaments, d'incompréhension, et aussi de l'absence de prise en charge psychologique.»