Evoquant l'invasion de l'Irak, le linguiste américain s'est montré catégorique: «Les Etats-Unis ont dû renoncer à leurs buts de guerre. C'est un échec significatif.» Le célèbre linguiste américain, Noam Chomsky, a accueilli avec de sévères critiques les mémoires publiés par George W. Bush, édités après presque deux ans d'une discrète retraite au Texas. Intitulée Decisions Points entendez: Moments décisifs, «ce livre inutile n'est qu'une justification de soi». Pas plus que cela, estime l'enseignant au Massachusetts Institute of Technology (MIT), contacté par nos soins. Dans ses mémoires, le précédent locataire de la Maison-Blanche, a passé du temps à justifier son intervention en Irak, arguant à longueur de pages que Saddam Hussein était un tyran et que le peuple irakien est dans une «meilleure situation» sans son dictateur. Depuis cette invasion, entachée de mystifications, que d'encre a coulé pour dénoncer cette vision unilatérale de George W.Bush et de son équipe de «faucons»! Les premiers mensonges ont été formulés au moins un an avant le déclenchement des hostilités en Irak, soit en mars 2003, et ont continué jusqu'en 2008. Mais jusqu'où peut aller le cynisme d'un ex-président des Etats-Unis qui voudrait bien être reconnu pour la noblesse de ses actions et faire oublier la «gravité» de ses mensonges? Se trouvera-t-il encore quelques «crédules» qui accorderont à George W.Bush une quelconque foi à ses explications tordues sur sa guerre en Irak? «Je ne voulais pas utiliser la force (...) Je voulais donner une chance à la diplomatie.» Après avoir nié le fait pendant des années, George W.Bush, dans son autobiographie, tente de défendre ses deux mandats et ses décisions. Evoquant cette guerre acharnée contre l'Iraq, M.Chomsky va droit au but. «Les Etats-Unis ont dû renoncer à leurs buts de guerre. C'est un échec significatif», a poursuivi l'universitaire américain. Quant aux armes tant recherchées, les Américains étaient revenus bredouilles de l'Irak comme avec l'Iran. Net et précis, M.Chomsky a affirmé à L'Expression que l'ex-président Bush «était devenu furieux quand l'Intelligence américaine a déterminé que l'Iran ne produit pas d'armes nucléaires». Ses anticipations, qui se voulaient des certitudes, ne sont finalement qu'un coup d'épée dans l'eau. D'autre part, notre interlocuteur a confirmé le sionisme outrancier de l'ex-président US. «Il n'a pas changé», souligne-t-il, laconique. Le bellicisme excessif dont avait fait montre l'administration Bush ne se limitait pas à l'Irak. Le savant américain en est convaincu. L'Afghanistan a aussi connu les affres de cette guerre sans limites. Pour mettre en exergue cette démarche provocatrice, Noam Chomsky précisera que ce pays «n'est pas d'une importance capitale pour le pouvoir américain». Pourtant, et pour des raisons stratégiques, les Etats-Unis ne donnent pas l'impression de vouloir quitter de sitôt les terres afghanes. Par ailleurs, il convient de rappeler que l'enseignant à l'Institut au Massachusetts of Technology n'est pas le seul à critiquer les mémoires de G.W.Bush. La presse écrite y était peu flatteuse. «Ce livre est plat (...) et la plupart des passages ont la forme d'un document d'Etat: ils sont impersonnels», avait écrit le Washington Post.