La Cour suprême de Guinée a confirmé, dans la nuit de jeudi à vendredi, l'élection de l'opposant historique Alpha Condé à la présidence avec 52,52% des voix contre 47,48% à Cellou Dalein Diallo. La Guinée et la communauté internationale étaient soulagées hier après la confirmation de la victoire d'Alpha Condé à la présidentielle par la Cour suprême qui s'est déroulée sans incident et a été acceptée par son adversaire, Cellou Dalein Diallo. La proclamation de la victoire de l'opposant historique Alpha Condé avec 52,5% des voix contre 47,5% à l'ancien Premier ministre, Cellou Dalein Diallo, intervient un an jour pour jour après la tentative d'assassinat du putschiste Moussa Dadis Camara qui avait pris le pouvoir fin 2008. Grièvement blessé par son propre aide de camp, Dadis avait été écarté du pouvoir et remplacé par le général Sékouba Konaté, chargé de présider un régime de transition jusqu'à l'élection d'un président civil. Alpha Condé, 72 ans, s'est opposé à tous les pouvoirs en place depuis l'indépendance de la Guinée en 1958. Il devient le premier président démocratiquement élu de ce pays qui, en un demi-siècle, n'a connu que la dictature du civil Ahmed Sékou Touré et des régimes militaires autoritaires. La confirmation de l'élection d'Alpha Condé s'est déroulée sans aucun incident, contrairement à la proclamation des résultats provisoires par la Commission électorale le 15 novembre qui avait été suivie de violences durement réprimées, ayant fait au moins sept morts. Alpha Condé n'a fait aucune déclaration après la confirmation de sa victoire, mais a prévu de s'exprimer samedi devant la presse. Son adversaire a, en revanche, très vite accepté sa défaite. Dans un communiqué publié à la mi-journée hier, Cellou Dalein Diallo a déclaré: «Comme les décisions de la Cour suprême sont sans appel et eu égard à nos engagements antérieurs, nous ne pouvons que nous conformer à cet arrêt (...)». «L'attachement à la paix et à la Guinée une et indivisible nous commande d'étouffer notre frustration et nos souffrances pour rester calme et serein et d'éviter toute forme de violence», a-t-il ajouté. «La victoire et la défaite sont constitutives de la vie, comme nous l'enseigne la religion», a conclu M.Diallo, issu d'une famille d'imams du Foutah Djallon (Moyenne-Guinée). L'annonce des résultats provisoires avait été suivie par des protestations violentes des partisans de M.Diallo à Conakry et en Moyenne-Guinée (centre-nord), berceau des Peuls de Guinée dont il est issu - protestations durement réprimées par les forces de l'ordre. Ces violences avaient fait au moins sept morts et des centaines de blessés, dont des dizaines par balles, selon les organisations de défense des droits de l'homme qui avaient accusé les forces de l'ordre d'avoir mené des attaques «systématiques» contre les Peuls. La majorité des membres des forces de sécurité et de défense appartiennent à d'autres ethnies, en particulier celle, Malinké, du nouveau président. L'état d'urgence avait été proclamé le 17 novembre pour prévenir, avec succès, de nouvelles violences. Il devait être en vigueur «jusqu'à la proclamation des résultats définitifs» mais n'avait toujours pas été levé hier.