Les agriculteurs vendent leur récolte à 5 dinars le kg en payant les travailleurs 700 dinars la journée. Les pratiques spéculatives de certains opérateurs du monde agricole, ne sont pas étrangères aux difficultés des agriculteurs du périmètre maraîcher de M'Sila qui ont du mal à écouler leur forte production de carottes. A cette situation, viennent s'ajouter les difficultés d'accès aux champs de plantation dues aux récentes pluies, mais aussi leur éloignement du réseau routier. L'absence d'un marché de gros de fruits et légumes de proximité accroît, par ailleurs, sensiblement les difficultés d'écoulement des récoltes des agriculteurs locaux. Un arrachage de 875.000 quintaux de carottes à M'sila, classée au 1er rang des wilayas productrices de ce légume, se trouve toujours en souffrance. Les producteurs n'arrivant pas à l'écouler, a indiqué jeudi le directeur des services agricoles (DSA). Selon le premier responsable de cette institution, Laâla Maâchi, cette situation est due essentiellement à «l'importante augmentation de la production, aux difficultés d'accès aux quelque 1000 hectares de sites de production, en raison du relief accidenté et de leur éloignement du réseau routier». Il faut dire que «les pratiques spéculatives de certains opérateurs sur les marchés de gros des fruits et légumes ne sont pas étrangères à cet état de fait.» Face à ces regrettables conditions, un grand nombre de producteurs ont renoncé à procéder à la récolte pour ne pas subir davantage de pertes en payant une main d'oeuvre onéreuse en ces temps pluvieux. Beaucoup d'entre eux se sont résignés, à livrer leurs champs aux troupeaux de bétail très friands de ce légume. Ceux qui se sont empressés de procéder à la récolte de leurs légumes, malgré toutes ces contraintes, ne sont pas parvenus à écouler leur produit à des prix rémunérateurs honnêtes. Ils ont du coup été contraints à leur tour de reconvertir le légume en aliment de bétail, a-t-on noté à la DSA. D'autres agriculteurs ont fini par vendre leurs carottes à moins de 5 dinars le kilogramme (kg) en recourant à des travailleurs agricoles payés 700 dinars la journée, a-t-on encore affirmé de même source. Il a été relevé à la DSA que l'opacité des circuits de commercialisation font que ces produits sont cédés «au consommateur à 40 dinars le kg et parfois même davantage.» L'absence d'un marché de gros des fruits et légumes local serait également en partie responsable de cette situation, a-t-on souligné à la direction du commerce et des prix de la wilaya (DCP) où l'on a estimé qu'une telle structure commerciale est une partie intégrante et importante des mécanismes d'organisation et de régulation du marché de commercialisation des fruits et légumes et partant de régulation des prix proposés au consommateur. Soucieux de réduire leurs coûts de production, notamment en matière de main-d'oeuvre, les producteurs locaux de carottes ont réussi pour certains, à assurer «la mécanisation» de l'une des étapes de traitement de la récolte, à savoir le lavage du légume. Cette étape s'effectue désormais par des malaxeurs à béton bien remplis d'eau. Ces mécanismes, tout trouvés par le «génie» des fellahs, sont à même de nettoyer des quantités importantes de ce légume en un temps record. La prochaine étape, objet actuellement de recherches, sera la mécanisation de l'arrachage et pourquoi pas aussi la modernisation du conditionnement.