Le 2e Festival international de l'art contemporain d'Alger consacre une belle rétrospective de l'oeuvre de M'hamed Issiakhem. Le 2e Festival international de l'art contemporain d'Alger, qui se tient du 1er décembre 2010 à la fin janvier 2011, convie les amoureux de la peinture à une grande exposition dédiée au plasticien de renom, M'hamed Issiakhem dont on commémore le 25e anniversaire de sa disparition. Ont assisté au vernissage de cette belle rétrospective, la ministre de la Culture, Khalida Toumi mais aussi des férus d'art plastique et des professeurs à l'Ensb (Ecole nationale des beaux-arts). Accompagnée du directeur du Mama, M.Djehiche, la ministre de la Culture a eu droit à des explications pour chaque tableau, petit et grand format que recèlent les cimaises du Mama et ce, du sous-sol jusqu'au deuxième étage du musée. Un art «expressionniste», qui va de l'abstrait au semi-abstrait décliné dans des tonalités chaudes et ocres pour la plupart avec des pointes de rouge comme élément symbolique sous-jacent mais indéniable. La rétrospective porte sur 114 tableaux de Issiakhem dont 90% appartiennent en fait à des collectionneurs privés et d'autres aux différents musées du pays (Musée des Beaux-Arts d'Alger, Musées Ahmed-Zabana d'Oran, Cirta de Constantine et Nasreddine-Dinet de Boussaâda.) Interrogés, les présents étaient unanimes pour dire leur satisfaction via cette exposition et témoigner de leur fort enthousiasme quant à cet hommage rendu au maître de la peinture moderne algérienne. Aussi, cette exposition offre un large éventail des thèmes abordés par Issiakhem dans sa peinture, à savoir: la mère, la femme, la vieillesse, l'enfance, le patrimoine et, surtout, les souffrances endurées par le peuple algérien durant l'occupation coloniale. Outre le grand nombre de dessins de presse qu'il a réalisés, pour gagner sa vie, reste indéniablement le portrait qui constitue le thème nodal de son oeuvre. Des portraits parfois sans traits ou au contraire avec des yeux bien expressifs. «Nous avons essayé de présenter, à travers cette collection d'oeuvres, dont certaines sont montrées pour la première fois, le très riche itinéraire de M'hamed Issiakhem, notamment des tableaux réalisés dans les années 50, 60, 70 et 80», a souligné M.Mohamed Djehiche, directeur du Mama et commissaire du festival, qui a précisé qu'un ouvrage consacré à l'artiste sous le titre A la mémoire de... M'hamed Issiakhem vient d'être publié par l'institution muséale. «Inlassablement, les images fantasmagoriques d'êtres irréels affublés de sa propre humeur, de son angoisse, de sa tension intérieure et de son obsession, récidivent et défilent dans sa vie d'artiste», écrit Malika Dorbani Bouabdallah, historienne d'art et critique d'art dans un livre dédié à l'artiste tout en évoquant les innombrables blessures physiques et psychologiques causées chez l'artiste par l'explosion d'une grenade alors qu'il avait 15 ans. Né en 1928 à Ath-Djennad, près d'Azzefoun (W.Tizi-Ouzou), M'hamed Issiakhem s'inscrit à la Société des beaux-arts d'Alger en 1947 avant d'intégrer l'Ecole nationale des beaux-arts, tout en prenant des cours auprès du miniaturiste Omar Racim. Il suivra ensuite des cours de gravure au collège technique Estienne de Paris, puis réalise en 1957 ses premières illustrations dans la revue Entretiens sur les lettres et les arts où il traitera de la torture qui était pratiquée à grande échelle par les forces coloniales en Algérie. Après un séjour à Leipzig (Allemagne, ex-RDA) en 1959, il retourne en France avant de rentrer en Algérie dès l'Indépendance. Il exposera plusieurs fois, avec, en 1969 une première rétrospective de ses oeuvres et une participation en 1984 à l'exposition organisée sous le thème «L'art et la Révolution algérienne». Notons enfin, qu'outre cette exposition qui vaut vraiment le détour, l'hommage à M'hamed Issiakhem comprend aussi une table ronde qui a commencé hier matin et finira aujourd'hui, au niveau du Mama, sous le thème «La place de l'art contemporain dans les pays émergents».