La 25e commémoration de la disparition de l'artiste peintre M'hamed Issiakhem aura lieu les 2 et 3 décembre. Elle rentre dans le cadre du Festival international d'art contemporain d'Alger, organisé sous le haut patronage de Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture. A cet effet des tables rondes dont «La place de l'art contemporain dans les pays émergents» et une exposition d'œuvres de M'hamed Issiakhem auront lieu jusqu'au 31 décembre au Musée d'art moderne et contemporain (Mama), sis au 25, rue Larbi Ben M'hidi, Alger. «On ne peut parler d'Issiakhem sans parler de Kateb Yacine», comme disait Benamar Médiène qui a côtoyé ces deux personnes et avait écrit un livre qui s'intitule Les jumeaux pathétiques. Ces deux personnes avaient partagé les mêmes souffrances et les mêmes joies. L'un, Kateb, savait rythmer les mots à sa mesure avec une âme poétique qui «dit» l'être dans sa douleur, et l'autre, Issiakhem, qui jouait avec les formes, les couleurs et les ombres. Pour les deux, le malheur a été livré comme une vocation, un destin qu'ils vont partager avec leur peuple. L'un a vu sa mère sombrer dans la folie et se jeter dans le feu et l'autre a vécu sous le choc d'une maudite grenade américaine qui a explosé dans sa main et qui n'en finissait pas d'exploser dans sa vie. Il illustre plusieurs œuvres de Kateb Yacine M'hamed Issiakhem est né le 17 juin 1928 à Taboudoucht (Douar Aït Djennad, Azeffoun), en Kabylie. A partir de 1931, il passe son enfance à Relizane. En 1943, il manipule une grenade, volée dans un camp militaire, qui explose. Deux de ses sœurs et un neveu meurent. Hospitalisé pendant deux ans, il est amputé du bras gauche. De 1947 à 1951, il est à Alger élève de la Société des beaux-arts puis de l'Ecole des beaux-arts d'Alger et suit les cours du miniaturiste Omar Racim. En 1951, il rencontre Kateb Yacine. De 1953 à 1958, il fréquente l'Ecole des beaux-arts de Paris où il retrouve Kateb Yacine - les deux artistes demeureront inséparables. En 1958, Issiakhem quitte la France pour séjourner en RFA puis résider en RDA. En 1962, il est boursier de la Casa de Velázquez de Madrid, Issiakhem rentre en Algérie. Il est alors dessinateur au quotidien Alger Républicain. En 1963, il est membre fondateur de l'Union nationale des arts plastiques ; de 1964 à 1966, chef d'atelier de peinture à l'Ecole des beaux-arts d'Alger puis directeur pédagogique de l'Ecole des beaux-arts d'Oran. Il illustre alors plusieurs œuvres de Kateb Yacine. De 1965 à 1982, il crée les maquettes des billets de banque et de nombreux timbres-poste algériens. En 1967, il réalise avec Kateb Yacine un film pour la télévision, Poussières de juillet ; en 1968, les décors du film La voie, de Slim Riad. En 1971, Issiakhem est professeur d'art graphique à l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger et crée les décors pour le film Novembre. Il voyage en 1972 au Viêt Nam et reçoit en 1973 une médaille d'or à la Foire internationale d'Alger pour la décoration du stand du ministère du Travail et des Affaires sociales. De 1973 à 1978, Issiakhem est dessinateur de presse. Il dirige en 1977 la réalisation d'une fresque pour l'aéroport d'Alger. Le ministère du Travail et des Affaires sociales publie à Alger une plaquette dont Kateb Yacine écrit la préface sous le titre Issiakhem, Œil-de-lynx et les Américains, trente-cinq années de l'enfer d'un peintre. En 1978, Issiakhem séjourne quelques mois à Moscou et reçoit en 1980 le premier Simba d'or (Lion d'or) de Rome, distinction de l'Unesco pour l'art africain. Il meurt le 1er décembre 1985 à la suite d'une longue maladie. M'hamed Issiakhem a non seulement marqué la scène artistique, mais il a également influencé plusieurs peintres, dont Salah Hioun, Zouhir Boudjemâa, Chegrane et beaucoup d'autres artistes.