Le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a qualifié de «pas en avant» la déclaration de son homologue américaine, Hillary Clinton, selon laquelle l'Iran pourrait, quand il aura rassuré sur ses intentions, enrichir l'uranium. S'exprimant lors d'une conférence de presse en marge du forum «Dialogue de Manama» sur la sécurité de la région du Golfe, M.Mottaki a en outre affirmé que les sanctions internationales imposées à l'Iran pour son programme nucléaire controversé n'avaient pas eu d'effet. Parlant la veille à la BBC en marge du même forum, Mme Clinton a dit: «(...) Ils ont droit à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire civile, mais ils n'ont pas encore restauré la confiance de la communauté internationale au point que (celle-ci) puisse, en toute tranquillité, leur permettre d'enrichir». «Ils pourront enrichir de l'uranium à une date donnée dans l'avenir, une fois qu'ils auront démontré qu'ils peuvent le faire de manière responsable, en accord avec leurs obligations internationales», a-t-elle ajouté. «L'Iran considère ces propos (de Mme Clinton) comme un pas en avant. Mais ces mots doivent être traduits dans des actes», a dit le ministre iranien. Les grandes puissances soupçonnent l'Iran, qui dément, de vouloir acquérir l'arme nucléaire sous couvert d'un programme nucléaire civil, et ont proposé à la République islamique d'enrichir elles-mêmes son combustible à un niveau compatible avec son utilisation dans un réacteur civil. Cette offre soumise en 2009, et jusqu'à présent rejetée par l'Iran, doit être en principe de nouveau présentée lundi à Genève à l'Iran par le groupe 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU: Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) plus l'Allemagne. Cette réunion a lieu après un an de suspension du dialogue entre les deux parties. Entre temps, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 9 juin une nouvelle résolution condamnant l'Iran et renforçant les sanctions économiques internationales ce pays pour son refus notamment de suspendre l'enrichissement d'uranium qui peut conduire à la fabrication d'une bombe. Mais M.Mottaki a affirmé à Manama que ces sanctions n'avaient pas affecté l'économie iranienne. «Il y a six mois qu'il y a des sanctions et s'ils (les Occidentaux) veulent voir leurs effets, ils doivent attendre longtemps», a-t-il dit en marge du forum. Il était interrogé sur un éventuel lien entre le retour de Téhéran à la table des négociations à Genève et des effets des sanctions sur l'économie. Dans son discours devant le forum plus tôt dans la journée d'hier, M.Mottaki a tenté de rassurer les pays du Golfe en affirmant que son pays n'utiliserait jamais sa force contre ses voisins musulmans, et a démenti de nouveau que Téhéran veuille acquérir l'arme nucléaire.