La tenue d'un Salon du livre dans la ville des Genêts est l'occasion inespérée pour lancer le débat au sujet de l'animation littéraire quasi inexistante dans la wilaya tout au long des 365 jours de l'année. Pourtant, depuis quelques années, tout le monde, ou du moins la majorité, s'accorde à dire que la situation s'est nettement améliorée en matière d'animation et d'organisation concernant les activités culturelles, particulièrement au sein de la Maison de la culture de la ville. Malheureusement, dans cette relance, on a vu tous les domaines culturels s'inscrire sauf celui du livre qui logiquement serait la locomotive. A Tizi Ouzou, le cinéma a eu la part du lion, notamment avec la tenue du Festival du film amazigh. Le théâtre également avec l'inauguration du théâtre régional Kateb-Yacine et la nomination de la femme qu'il faut à la place qu'il faut, à savoir, Mme Faouzia Aït El Hadj dont la formation très poussée dans le domaine dramaturgique et le parcours professionnel long et riche, permettront, à coup sûr de donner un nouveau souffle au théâtre dans une ville qui ne demande que ça. Aussi, la chanson a bénéficié d'une attention particulière de la part des dirigeants de ce domaine, puisque aucun artiste kabyle ne s'était plaint des obstacles bureaucratiques et des sautes d'humeur de certains responsables au gré desquels la culture se faisait. Aujourd'hui, le chanteur n'a qu'à passer un coup de fil pour être programmé avec toutes les facilitations qui se présentent. Mais il se trouve, qu'en dépit de toutes ces avancées, la littérature et le livre semblent être jetés aux oubliettes quand dans d'autres wilayas, ce créneau connait un essor des plus fulgurants. Il n'y a qu'à consulter les agendas culturels des autres régions du pays pour se rendre compte combien la wilaya de Tizi Ouzou est dépourvue de vie littéraire digne de ce nom. Même ce qui aurait pu être qualifié de service minimum, n'existe pas. Pourtant, il s'agit d'une ville universitaire avec 50.000 étudiants et des milliers d'enseignants, sans compter les férus de littérature qui doivent tous se cacher quelque part pour lire. Depuis la relance de la littérature en Algérie, notamment en 2000 et le lancement de centaines de maisons d'édition privées, la ville de Tizi Ouzou n'a pas été gâtée. Un écrivain comme Yasmina Khadra, qui a fait plusieurs villes d'Algérie, n'a jamais été invité à Tizi Ouzou où il compte pourtant des milliers de lecteurs, de l'avis des libraires et des éditeurs. Idem pour l'écrivaine Malika Mokeddem, Anouar Benmalek, Wassini Laredj et tant d'autres. Boualem Sansal a été invité une seul fois et par une librairie de la ville. Une visite qui l'a sans doute déçu puisque l'absence de médiatisation de sa venue a eu comme répercussion la défaillance du public. Au moment où d'autres wilayas du pays lancent des Cafés littéraires à l'image de la wilaya voisine, Béjaïa, sans parler d'Alger qui est la capitale, les passionnés du livre à Tizi Ouzou «attendent Godot» et des jours meilleurs.