Pour que le lecteur puisse croiser un auteur tiziouzéen, il lui faudra patienter jusqu'à la tenue du Salon international du livre d'Alger. L'absence de vie littéraire dans la wilaya de Tizi Ouzou a fait que les quelques écrivains de la wilaya vivent en totale autarcie. Ils publient leurs livres et retournent au bercail. Parfois, une tournée dans la capitale, le temps d'une brève promotion, est signalée pour quelques uns d'entre eux. Sinon, la discrétion reste l'une des caractéristiques majeure des écrivains de la wilaya de Tizi Ouzou. On ne peut pas les rencontrer dans la ville des Genêts pour la simple raison qu'il n'existe pas de programmes littéraires réguliers. La littérature à Tizi Ouzou est orpheline. Pour que le lecteur puisse croiser un auteur tiziouzéen, il lui faudra patienter jusqu'à la tenue du Salon international du livre d'Alger. L'occasion est alors offerte pour disserter avec l'écrivain. Pourtant, Tizi Ouzou est un véritable vivier d'auteurs, C'est d'ailleurs cette région qui a donné naissance à la plus jeune romancière algérienne de langue française, mais aussi de langue arabe et de langue amazighe. Un record qui reflète que la wilaya de Tizi Ouzou, malgré tous les problèmes qu'elle a vécus (terrorisme, Printemps noir, boycott scolaire), reste une région où la culture se porte relativement bien. Même si sur le plan de l'animation la situation est peu reluisante. En 2008, la révélation de l'année a été Lynda Handala. A peine âgée de 19 ans, cette jeune étudiante signe aux éditions Dalimen son premier roman en langue française. Son livre Les voix du Hoggar n'est pas passé inaperçu, pas seulement à cause de l'âge de l'auteur, mais aussi parce qu'il s'agit d'un ouvrage original. Cette jeune étudiante en pharmacie à l'université de Tizi Ouzou est née en 1989. Dès son jeune âge, elle se passionne pour la littérature et s'essaie à l'écriture de poèmes et de nouvelles. La plus jeune romancière en langue arabe est aussi Tiziouzéenne. Il s'agit de Sarah Haïder qui a publié plusieurs romans en Algérie mais aussi au Liban. Un peu plus âgée mais encore jeune, Arezki Hamdad, qui enseigne la langue française depuis des années, surprend tout le monde en publiant, également, en 2008, un roman palpitant étrangement intitulé L'année du rat et du destin. Sans avoir été plaqué par celle qui devait devenir sa campagne dans la vie, Arezki Hamdad n'aurait sans doute pas été capable de signer un roman si passionnant. Arezki Hamdad, pour peu qu'il poursuive l'écriture, promet de devenir un écrivain qui fera parler de lui et dont les livres s'arracheraient dans les librairies. Il est donc une véritable révélation littéraire dans la wilaya de Tizi Ouzou. Mais la sortie de son livre, n'eut été la presse, notamment écrite qui s'en est faite l'écho, aurait pu passer inaperçue, car comme déjà souligné plus haut, un écrivain n'a aucune tribune à Tizi Ouzou pour se faire découvrir. L'exemple d'Arezki Hamdad, de Sarah Haïder et de Lynda Handala n'est que celui de trois parmi tant d'autres. Des écrivains nouveaux, Tizi Ouzou n'en pullulent pas, certes, (on n'en est pas encore là) mais ils existent bel et bien et ils sont nombreux. A l'image de Rabah Toumert qui raconte dans son premier roman, Les montagnes de la douleur, paru aux éditions Du Savoir, la Kabylie des années cinquante. Une Kabylie si lointaine et si près en même temps. Mohammed Attaf est un romancier vivant dans la haute ville de Tizi Ouzou et qui a honoré la région avec l'obtention du prix littéraire Apulée, du meilleur ouvrage en langue française, décerné par la Bibliothèque nationale. Il existe aussi d'autres auteurs de la wilaya de Tizi Ouzou, jeunes également, ne vivant plus en Algérie depuis quelques années. Ils ont choisi, à contrecoeur, la France, dans l'espoir de parvenir à mieux gérer leur carrière d'écrivains. L'exemple de Slimane Aït Sidhoum (qui vit à Montpellier depuis plus de quatre ans) n'est pas le seul. Aït Sidhoum a publié trois romans aux éditions Chihab. Son premier, Les trois doigts de la main est autobiographique. Après avoir été victime d'un attentat à la bombe au moment où il prenait le bus à Alger, Aït Sidhoum, pour surmonter l'épreuve, décide de la raconter dans un roman. Ali Malek est un écrivain de la région d'Azazga. Il est d'une totale discrétion. Il n'accorde jamais d'interviews aux journaux. Il n'anime pas de ventes-dédicaces. Et on ne risque pas de tomber sur sa photo, ni dans les journaux ni sur les catalogues de son éditeur Barzakh, encore moins sur les quatrièmes de couverture de ses romans et recueils de nouvelles. Pourtant, ses ouvrages ont tous été salués par la critique. On voit en Ali Malek un écrivain sûr de lui, dont le style s'améliore de livre en livre. Peut-être que son refus de s'ouvrir aux médias a fait que ses livres n'ont pas connus l'écho qu'ils méritaient. A côté des écrivains de la nouvelle et jeune génération, d'autres auteurs anciens, complètement oubliés, continuent de mener une vie loin des feux de la rampe. Des écrivains qui traversent des moments difficiles à cause de la solitude et de l'ingratitude des hommes, Parmi les auteurs de la wilaya de Tizi Ouzou, dont personne ne se souvient ou presque, on peut citer Chabane Ouahioune, Boukhaïfa Bittam, Saïd Smaïl, Ziani Rabia...etc. Un petit hommage à ces derniers ne sera qu'une manière modeste de les remercier pour avoir immortalisé dans leurs livres des pans entiers de l'histoire récente de la région.