Clôture n La 13e édition du Salon international du livre d'Alger, le Sila, qui se tient depuis le 27 octobre, prend fin ce jeudi, à la Safex. Comme chaque année, le salon a connu un afflux important de visiteurs, les retardataires parcourent et musardent çà et là dans les différents stands, à la recherche, avant la fermeture, d'un dernier bon livre. Comme chaque année, les éditeurs quittent le Salon quelque peu déçus, mais aguerris, puisqu'ils en ont l'habitude. «Nous quittons le Salon comme à chaque fois, avec un pincement au cœur et un goût d'inachevé», s'accordent-ils à dire, même si quelques-uns reconnaissent un déroulement plus ou moins appréciable, contrairement aux éditions précédentes. Mais ils veulent tout de même espérer encore une amélioration et une évolution dans les mentalités. Cette édition, comme cela a été préalablement annoncé par le comité d'organisation, a connu quelques améliorations, même minimes, mais appréciables, dans la façon de tenir un Salon du livre. Ainsi, et c'est un fait incontestable, il y a eu moins de cartons et d'emballages que l'année dernière. Lors des précédentes éditions, on se serait cru dans une foire de soldeurs. Les stands, cette année, étaient mieux rangés, plus agréables à visiter. L'autre fait à relever est la quasi-disparition de CD et autres babioles et papeteries des pavillons d'exposition : le 13e Sila se voulait, cette année, à la hauteur de ses ambitions : un Salon de qualité et professionnel et, donc, un rendez-vous d'envergure internationale. Puisque les organisateurs ont consacré cette édition uniquement aux éditeurs, aux auteurs et aux lecteurs : les éditeurs algériens n'étaient autorisés à n'exposer que leurs livres, les importateurs n'ont pas été autorisés à exposer. Idem pour les libraires, qui n'avaient le droit de participer au Salon que s'ils représentaient une maison d'édition étrangère. Autant de mesures, comme celle qui limitait à 100 le nombre d'exemplaires par titres, qui ont mis fin, ne serait-ce que relativement, à une certaine anarchie. Cependant, le Salon, qui n'arrive toujours pas à se débarrasser entièrement de ses mauvaises vieilles habitudes, donne toujours cette apparence d'un marché de livres. Cette situation n'est imputable ni au comité d'organisation ni aux éditeurs et aux professionnels, elle relève plutôt d'une mentalité générale, voire de la réalité du livre en Algérie. Le livre reste pour le commun des Algériens un objet commercial semblable à un quelconque produit consommable. Nombreux sont ceux qui n'y voient qu'une valeur marchande. C'est vrai que le comité d'organisation doit multiplier les efforts pour réglementer davantage l'organisation du Salon en vue de l'harmoniser et de le professionnaliser davantage, mais le plus gros travail doit se faire au niveau des mentalités de tout un chacun. Un Salon du livre se veut certes un lieu d'exposition, mais surtout un rendez-vous, d'abord, entre éditeurs, aussi bien Algériens qu'étrangers, et, ensuite, entre éditeurs et lecteurs, et, enfin, entre auteurs et lecteurs. l Si, chaque année, le Sila offre un aspect de foire et parfois de braderie, il se trouve toutefois et paradoxalement qu'il présente, sur le plan de l'animation culturelle, un côté professionnel. Outre un lieu d'exposition, le Salon du livre se veut aussi un espace de rencontres, de discussions et de débats, et donc d'échanges au plan de la réflexion intellectuelle. Chaque année sont organisés des cafés littéraires, des séances de vente-dédicace, des colloques abordant des questions philosophiques et intellectuelles toutes liées à l'actualité. Sur le plan de l'animation culturelle, l'effort fourni en ce sens par le comité d'organisation est perceptible et même louable. Si depuis la reprise du Salon, en 2002, en tant que Salon, les animations culturelles se faisaient dans un espace restreint et exigu, à l'intérieur même du pavillon d'exposition, au milieu de la cohue et du brouhaha, l'année dernière et cette année, un chapiteau a été dressé à l'extérieur, offrant à l'assistance de meilleures prestations : les invités – écrivains, essayistes, philosophes, chercheurs et universitaires – exposent leurs oeuvres et le public en discute dans un environnement calme et serein.