«La seule option qui nous reste est le dialogue, nous devons revendre l'image de l'Islam aux Occidentaux.» Par chance, «le choc des civilisations» ne sera pas! Les prochains conflits que le monde connaîtra, ne seront pas des conflits interreligieux et n'opposeront pas le monde musulman au reste du monde. Ça n'a pas été facile de convaincre le «reste du monde» de la pureté de l'Islam. Mais, nous-y voilà: à l'occasion de la 10e semaine de rencontres islamo-chrétiennes, organisée à la Grande mosquée de Paris, en partenariat avec le Gaic (Groupe d'amitié islamo-chrétienne), la Grande mosquée de Paris et l'Institut catholique, une volonté commune entre l'église chrétienne de France et les musulmans, semble vouloir mettre un terme aux mauvaises interprétations. «C'est une évidence pour renverser la tendance, il faut multiplier les initiatives entre les mosquées et l'église et rendre les recommandations des travaux auxquelles elles parviendront accessibles à tous», a indiqué Père Henri de la Hougue, directeur adjoint de l'Institut catholique de Paris, lors de cette rencontre. Pour lui, le fait de dialoguer suppose «reconnaître l'autre tel qu'il est» et ce dialogue, sans être une fin en soi, doit concourir au «rapprochement entre les humains, en évacuant tout ce qui pourrait les séparer». Voilà une sage proposition. Pour le référent chiite en Irak, Mohamed Salah El Hakim, le dialogue interreligieux doit s'appuyer sur trois fondements: le respect de l'autre tel qu'il est, focaliser sur ce qui rassemble les hommes et la non-monopolisation de la vérité. Réagissant aux derniers massacres de chrétiens dans son pays, tout en les condamnant, il a signalé que «les chrétiens ne sont pas les seuls citoyens à en pâtir», fustigeant l'attitude de certaines capitales européennes qui ont «incité les Chrétiens d'Irak à l'exode». Tout en dénoncant la tuerie dont ont été victimes en novembre dernier des chrétiens en Irak, Père Henri a estimé que cette attitude est provoquée par un «durcissement identitaire, qui conduit au fanatisme», un stade «où l'on ne peut plus tenir compte des valeurs humaines». Cela indique clairement que l'islamisation des actes terroristes tend, depuis quelque temps, à être dénigrée. Du côté musulman, des efforts sont prêts à être déployés afin de couper avec la vision conservatrice de cette religion. Selon le directeur de l'Institut El Ghazali de la Grande Mosquée de Paris, Djelloul Seddiki, «il est temps que l'imam axe sa propre théologie musulmane vers une philosophie positiviste lui permettant de s'adapter à l'environnement dans lequel il évolue». Des théologiens ont estimé, samedi à Paris, que le dialogue interreligieux pèche parfois par «élitisme excessif», réduisant sa portée et renforçant les appréhensions. La rencontre a porté sur le «pèlerinage en Islam et chez les chrétiens». «Pour nous, c'est le plus important: former l'homme à l'esprit critique qui pourrait être porteur de ce dialogue qui a trop péché par élitisme», a indiqué M.Seddiki, critiquant l'église qui, selon lui, «s'est confinée dans des discussions entre élites au détriment d'un débat de fond». M.Seddiki s'est toutefois félicité de la convention que son Institut a signée avec l'Institut catholique de Paris, la qualifiant de «pas de géant dans le dialogue entre musulmans et chrétiens en France».