CETTE ORGANISATION cherche à se renforcer par l'adhésion de nouveaux membres. Le 9e Sommet de l'Organisation internationale de la francophonie s'est achevé, hier, à Beyrouth, non sans avoir défini ses grandes orientations pour l'avenir et renouvelé ses institutions. Que retenir de ces re-trouvailles francophones, sinon qu'elles se sont tenues pour la première fois en terre arabe, dans un contexte régional, voire planétaire en effervescence - menaces de guerre et d'occupation militaire américaine réelle contre l'Irak, crimes de guerre et occupation israélienne dans les territoires autonomes palestiniens, regain de violence de ce qui est appelé le terrorisme anti-occidental, etc.) - et qu'elles se sont déroulées sur fond d'un «affrontement verbal» franco-américain sur la conduite à tenir par l'Occident à propos de toutes ces crises, qui, curieusement, concernent au premier chef le monde arabe et musulman? Pourtant, nombre de pays arabes ont pris part à cette rencontre au sommet de la francophonie en plus du pays hôte, le Liban, la Syrie, l'Egypte, le Maroc, la Tunisie ou la Mauritanie. Et, surtout une présence fort remarquée et qui a été entourée de toutes les interrogations aussi bien ici en Algérie qu'à Beyrouth, celle du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, bien que l'Algérie ne soit pas encore membre de cette organisation internationale qui regroupe 56 pays sur les 5 continents soit le quart des Etats membres de l'ONU. Celui-ci, qui participait à la rencontre à titre d'invité de son homologue libanais, et se basant sur les nouvelles conceptions de la diplomatie algérienne qui se veut «ouverte sur le monde entier sans exception», a, d'ores et déjà, indiqué dans une interview accordée au journal libéral An-Nahar que l'Algérie s'acheminait «lentement, mais sûrement» vers l'entrée dans la francophonie. Répondant à une question relative à cette éventuelle adhésion à l'OIF, le chef de l'Etat à répondu: «Rien ne l'empêche de le faire». Cela d'autant, a-t-il précisé, qu'«après 40 ans d'indépendance, je pense que nous avons atteint l'âge mûr, nous pouvons choisir tranquillement notre voie et c'est ce que nous faisons lentement, graduellement, mais sûrement et en toute souveraineté». Sachant, de l'avis de tous les fervents de la francophonie, que l'Algérie est le deuxième pays francophone après la France, le Président de la République a ajouté que le président français Jacques Chirac lui avait confié «avec beaucoup de courtoisie» que «la francophonie est la maison de l'Algérie». Bref, il est évident que la francophonie cherche à se renforcer par de nouveaux membres, afin selon ses promoteurs de constituer une sorte de groupe de pression à même de peser sur l'évolution des relations internationales ne serait-ce que sur le plan culturel et linguistique. Car, pour l'instant et malgré ses efforts en ce sens sur le plan diplomatique ou politique, la réalité est loin de correspondre aux ambitions de l'OIF. Les Anglo-Saxons dominent le monde sur tous les plans, l'anglais reste la première langue du monde alors que le français est, lui, en recul en termes de ceux qui veulent l'apprendre. Néanmoins, cela n'empêche pas l'organisation francophone d'avoir ses rituels tous les deux ans et de se prononcer sur les grands dossiers qui agitent le monde. Cette année, actualité oblige, les chefs d'Etat et de gouvernement de la francophonie ont exprimé leur appui au plan arabe de paix sur le Proche-Orient «adopté à l'unanimité lors du Sommet arabe de Beyrouth», qui constitue, selon eux, «le cadre le plus approprié pour arriver à une solution juste, durable et globale dans la région». Ils ont aussi condamné, dans leur déclaration finale dite «Déclaration de Beyrouth», «énergiquement le terrorisme conformément aux résolutions pertinentes de l'ONU». Quant à la crise américano-irakienne, ils ont adopté une résolution qui défend tout à la fois, ce qu'ils ont appelé «la primauté du droit international et le rôle primordial de l'ONU» dans le règlement de l'affaire et qui appelle «l'Irak à respecter pleinement toutes ses obligations». Enfin, les membres de la francophonie ont renouvelé la présidence de leur organisation en élisant à l'unanimité l'ex-chef d'Etat sénégalais Abdou Diouf au poste de secrétaire général de l'OIF, et se sont donné rendez-vous à l'automne 2004 à Ouagadougou au Burkina Fasso pour le 10e Sommet.