L'Australien de 39 ans passait mardi sa première nuit dans une maison d'arrêt londonienne, en vertu d'un mandat d'arrêt activé sur plaintes de deux femmes, désignées en justice comme Mmes A et W. Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange a été placé en détention mardi à Londres, non pour divulgation de documents secrets américains, à l'origine d'un séisme diplomatique, mais dans le cadre d'une affaire de viol et violence sexuelle en Suède, pays qui réclame son extradition. L'Australien de 39 ans passait mardi sa première nuit dans une maison d'arrêt londonienne, en vertu d'un mandat d'arrêt activé sur plaintes de deux femmes, désignées en justice comme Mmes A et W. Il s'est livré en début de matinée à Scotland Yard, et a comparu mardi devant un tribunal de Westminster, assailli par les journalistes. Le juge Howard Riddle a refusé sa demande de liberté conditionnelle. Après avoir souligné «l'extrême gravité des accusations», il a estimé que le prévenu avait «les moyens et la capacité de s'enfuir», et ordonné son maintien en détention dans l'attente d'une nouvelle comparution, fixée au 14 décembre. Diverses personnalités, dont le cinéaste Ken Loach, présent sur les lieux, ont vainement proposé de se porter garants. Julian Assange a clamé son innocence, affirmant que les plaignantes étaient consentantes pour une relation non protégée, et s'est dit victime «d'une machination». «Beaucoup de gens pensent que les poursuites sont politiquement motivées. Nous pensons que les accusations sont extrêmement minces», a assuré son principal avocat Mark Stephens. Il s'est dit déterminé à épuiser tous les recours, qui sont nombreux. Le mandat suédois obéit à une «procédure accélérée» européenne. Mais l'affaire pourrait durer «de plusieurs jours à plusieurs mois» en fonction du nombre des appels, a indiqué un porte-parole du Bureau des affaires criminelles (Soca). «S'il était renvoyé aux Etats-Unis, ce qui constitue une réelle menace, la perspective d'un procès équitable serait à mon sens quasi nulle», a fait valoir Jennifer Robinson, une autre avocate de M.Assange. La crainte est celle d'un engrenage judiciaire qui se conclurait devant les tribunaux américains. Le procureur suédois en charge de l'enquête a assuré mardi qu'elle n'avait pas l'intention de l'extrader vers les Etats-Unis s'il était renvoyé en Suède. Le site Internet du procureur, aklagare.se, a été rendu inaccessible par des pirates regroupés au sein d'un groupe baptisé «Anonymes». Assange, lui-même, ancien pirate informatique qui s'est autoproclamé justicier de l'Internet face aux abus des superpuissances, est devenu l'ennemi public n°1 à Washington depuis le déclenchement du «cablegate», qui désigne la divulgation de cables diplomatiques par WikiLeaks. Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a ainsi qualifié de «bonne nouvelle» l'arrestation, alors que le porte-parole de la diplomatie américaine a jugé qu'il s'agissait «à ce stade» une affaire bilatérale entre Londres et Stockholm. Le 10 Downing Street s'est, pour sa part, refusé à commenter «une affaire de police». Mardi, WikiLeaks continuait de se débattre contre une offensive tous azimuts allant des cyber-attaques en passant par des interdictions de domaines et interdits bancaires. Le ministre australien des Affaires étrangères, Kevin Rudd, a assuré hier que les services consulaires australiens apporteraient leur aide à Assange après son arrestation à Londres.