M.Felioune a indiqué que 197 experts étrangers ont visité les prisons algériennes pour s'enquérir des conditions de détention. Les femmes algériennes sont-elles des anges? A voir le taux de la population carcérale féminine, on est tenté de le croire. Dans les prisons algériennes peuplées de 55.500 détenus dont la majorité est âgée entre 18 et 35 ans, «séjournent» 850 mineurs et 820 femmes. Ces chiffres ont été dévoilés, hier au forum d'El Moudjahid, par le directeur général de l'administration pénitentiaire, Mokhtar Felioune. Si l'on considère qu'il y a près de 15 millions de femmes en Algérie, il est évident que leur taux d'incarcération est pratiquement négligeable. Imaginons donc un instant, un pays de 15 millions d'habitants et qui n'aurait que 820 prisonniers. Une utopie, un paradis allons-nous dire, même si les femmes ayant commis des péchés au paradis sont exclues de celui pour la vie terrestre. Ces chiffres sont également insignifiants par rapport à ceux de nos voisins. A titre d'exemple, le Maroc dont la population carcérale est presque égale à celle de l'Algérie (50.000) compte près de 6000 mineurs et plus de 1300 femmes.. Cependant, l'accroissement du nombre de prisonniers mineurs a poussé les organismes de défense des droits de l'enfant à suggérer la création de tribunaux spéciaux pour enfants. M.Felioune a révélé, en outre, que 11,5% de la population carcérale est en détention préventive. Ce taux important est, selon des avocats, parmi les causes qui engendrent la surpopulation dans les prisons algériennes. Par ailleurs, l'invité du forum d'El Moudjahid a souligné que jusqu'à novembre 2010, 40,20% des prisonniers sont des récidivistes. Un taux très inquiétant et qui renseigne sur l'incapacité des prisons algériennes, voire le système pénitentiaire à dissuader ceux qui font l'objet de son dispositif. Le directeur général de l'administration pénitentiaire soulignera que 867 personnes ont été condamnées à des peines de travaux d'intérêt général en 2010. Le conférencier qui a reconnu qu'il y a une surpopulation a indiqué qu'à partir de 2011, ce problème sera pris en charge grâce à la réception de 13 nouveaux centres d'une capacité d'accueil de 19.000 places avec 9m² pour chaque détenu. On notera que le ministère de la Justice a réceptionné récemment deux établissements pénitentiaires à Béjaïa et Bordj Bou Arréridj d'une capacité de 3000 places, en vue de réduire la surcharge des prisons algériennes. Interrogé sur la peine et les difficultés des familles ayant des proches incarcérés loin de leur wilaya d'origine, le conférencier a répondu que son département se penchera sur le problème et «prochainement, les détenus seront affectés selon leurs régions pour arranger leurs familles». Par ailleurs, le directeur de l'administration pénitentiaire a annoncé que 197 experts étrangers ont visité les prisons algériennes pour s'enquérir des conditions de détention. Il a annoncé également que son administration est engagée actuellement dans un programme de coopération avec l'organisation Penal Reform International. Selon lui, les responsables de cette organisation veulent «exporter» l'expérience algérienne en matière de réforme pénitentiaire et de réinsertion des détenus. Dans ce contexte, M.Felioune précisera que 6000 ex-détenus étaient réinsérés dans les différents programmes concoctés à cet effet. Pour justement suivre les détenus après avoir quitté la prison, l'administration pénitentiaire a mis à leur disposition 5 agences à l'extérieur des prisons pour les orienter et les aider. 37.000 ex-détenus ont sollicité ces agences dont le nombre passera à 18 prochainement. Selon lui, 80% parmi les 55.500 détenus sont actuellement en formation ou en apprentissage. Parmi eux, 18.697 suivent une formation professionnelle (80 spécialités), 18.066 suivent leurs études par correspondance, 1915 sont candidats au baccalauréat, 780 inscrits dans le cadre universitaire, et 4500 suivent des cours d'alphabétisation. Le conférencier a révélé aussi que 400 médecins, 205 dentistes, 1321 paramédicaux et 400 psychologues sont actuellement en service au niveau des centres pénitentiaires, en plus de 88 pharmacies. A souligner enfin que l'administration pénitentiaire étudie actuellement les possibilités d'introduire de nouvelles lois concernant le secteur carcéral afin que les antécédents judiciaires ne puissent constituer un obstacle pour la réinsertion des ex-prisonniers dans le cadre professionnel.