Le festival offre une nouveauté pour cette année. Les organisateurs prévoient d'initier pour la première fois une Résidence d'écriture au profit de 5 lauréats sur dix sélectionnés. L'Expression: Le festival en est à sa 11e édition, chose exceptionnelle en Algérie. Pouvez-vous nous dévoiler le secret d'une telle longévité? El Hachemi Assad: Vous faites bien de me poser cette question car beaucoup de gens ignorent ou méconnaissent les difficultés d'une telle entreprise. Au terme de chaque édition, nous sommes pris d'angoisse face à l'immensité de la tâche qui nous attend pour mener à bien la mission qui nous incombe. Les défis sont multiples: il nous faut d'abord, maintenir la dynamique du cinéma amazigh en l'aidant à devenir de plus en plus professionnel. Second défi: celui des moyens logistiques et financiers pour atteindre nos objectifs en termes de qualité et de performance. A ce propos, il me faut vous préciser qu'en dehors de la contribution du ministère de la Culture et de quelques institutions d'Etat, nous ne bénéficions d'aucune autre aide, ni en nature, ni en moyens. Les sponsors sollicités semblent bouder notre manifestation. Est-ce en raison de la spécificité et des caractéristiques propres à notre festival? Tout un chacun sait que la production cinématographique algérienne d'expression amazighe, de qualité, fait cruellement défaut. Excepté l'année 2007 («Alger, capitale de la culture arabe»), qui fut une année faste pour le cinéma amazigh, plus aucune production n'a été mise en chantier sur support pellicule en tamazight. Troisième gageure, nous essayons d'accompagner des projets de films, d'une manière ou d'une autre, afin de les faire aboutir. Tout cela est loin d'être une sinécure. de plus, chaque année nous organisons des ateliers de formation en espérant le déclic salvateur à même de relancer la production de nouveaux films. Êtes-vous satisfait des résultats enregistrés à ce jour? Avez-vous l'impression qu'il y a relance de l'expression amazighe via le 7e art? Oui et non! Notre satisfaction est que certains jeunes qui nous ont fait confiance et que nous avons encouragés, ont réussi à produire des films et ont même remporté des distinctions. Nous en sommes fiers. Mais nous sommes encore loin du succès escompté. Il y a lieu de préciser qu'en ce domaine, comme en beaucoup d'autres, l'investissement total est nécessaire. Créer et maintenir un festival, exige beaucoup de temps, d'efforts et de persévérance. En ce qui concerne la réussite ou non, seul le public est juge. De cela, nous en sommes conscients. On ne peut parler de réussite qu'au bout de quelques années.Tenez, par exemple: l'année dernière nous avons travaillé avec un groupe d'enfants des villages d'Aït Daoud et Yattafan. Le stage avait pour objectif la réalisation de courts-métrages. Là, nous pouvons parler de succès d'étape, succès relatif certes, mais succès quand même. Traces de Vie et Plein la bobine du Massif du Sancy (France) demeureront une belle expérience dans le domaine de la création. A ce propos, le Festival culturel national annuel du film amazigh souhaite s'investir davantage dans l'éducation à l'image pour enfants puisqu'une expérience similaire est envisagée pour le même groupe auquel s'adjoindront d'autres jeunes de la région d'Azeffoun. Cela fait plaisir, mais une hirondelle ne fait pas le printemps, dit-on! Si je comprends bien, vous vous engagez à chaque fois dans une aventure... C‘est le cas de le dire...Avec deux à trois films réalisés dans les normes, le plus souvent des courts métrages, comment voulez-vous tenir un festival annuel avec en sus, une certaine exigence de qualité et de crédibilité professionnelles? Le comble est atteint lorsque certains réalisateurs, non primés, se permettent même de contester les décisions du comité de sélection et parfois même le palmarès de jurys internationaux de professionnels constitués à chaque édition. En tant que commissaire, je me refuse à faire de ce festival un réceptacle de la médiocrité. Notre seul crédo est de contribuer à l'émergence et au développement du cinéma amazigh, nous y travaillons chaque jour que Dieu fait, mais pas à n'importe quel prix et pas n'importe comment.... Maintenant, pour en revenir à votre question: le secret, si secret il y a, de la longévité de notre festival, il réside uniquement, dans l'amour que nous portons au 7e Art et notre engagement pour la promotion de l'amazighité par l'image et la diversité culturelle. Le mérite du festival est d'avoir pu, justement, construire un édifice artistique qui honore notre pays. L'honneur revient à l'équipe bénévole, dévouée, composée de femmes et d'hommes unis pour des objectifs clairs et une ligne artistique définie. Comment se présente la prochaine édition prévue du 19 au 23 mars prochain à Tizi Ouzou et Azeffoun? Comme à chaque fois...J'avoue que nous avons peiné pour concocter un menu respectable! Au jour d'aujourd'hui, nous sommes à 80% des préparatifs; on vient de boucler les listes des jurys, puisque cette année, il y en a deux. C'est une première, car nous avons, en plus de la section compétition officielle, une section Panorama, et ce pour encourager les jeunes réalisateurs. Des prix sanctionneront les lauréats et donneront ainsi plus de crédit à la compétition et surtout plus d'intérêt à la section. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les jurys? En exclusivité pour vous, Ifticène Mohamed, un grand nom du cinéma national, un cinéaste de grande valeur, toujours productif, présidera le jury de la compétition officielle «Olivier d'or 2011».Il aura à ses côtés d'autres noms connus et reconnus du monde du 7e art et de la culture. Pour l'instant je souhaite ne pas divulguer cette composante. Y a-t-il d'autres nouveautés? Bien entendu, le festival essaie chaque année d'améliorer et/ou d'élever un peu plus le niveau de la manifestation: nous prévoyons d'organiser, pour la première fois, une Résidence d'écriture au profit de 5 lauréats sur dix sélectionnés. Depuis le début de ce mois de novembre 2010, un concours national est lancé pour inciter à l'écriture de scénarios de courts, moyens et longs métrages. L'appel lancé concerne tous les auteurs potentiels. Un jury composé de professionnels, sélectionnera les créateurs doués. Les personnes intéressées par ce concours doivent envoyer leur projet au plus tard le 30 janvier 2011. C'est important de souligner cette échéance afin de bien préparer cette innovation 2011 du festival: le thème du scénario doit traiter à titre préférentiel et non exclusif du substrat culturel amazigh de l'Algérie ou de la région d'Azeffoun. Les personnes intéressées peuvent consulter notre site Web. Autre nouveauté: la relance des deuxièmes Assises nationales sur les ciné-clubs. Pas moins de 70 animateurs de tout le pays, seront conviés à l'occasion de la prochaine édition...Nous essayons à chaque rendez-vous d'aller plus en avant. Une manière à nous de faire d'une pierre deux coups: capter l'intérêt du public national sur notre festival et en même temps apporter notre contribution à l'édifice cinématographique national dont l'amazighité en est un des segments! Et les personnalités, je suppose que nous allons avoir droit à des surprises comme à chaque fois? Absolument, des surprises il y en aura. Nous avons l'accord tacite de grands noms du 7e art. Mais ne dévoilons pas tout! Laissons cette exclusivité à d'autres rendez-vous ou à la conférence de presse. C'est beaucoup de choses à la fois? Effectivement! La charge de travail, loin de nous démobiliser, n'a fait que nous renforcer dans notre engagement en vue d'atteindre nos objectifs! Un mot sur le projet de loi en discussion à l'APN C'est de bonne guerre; il était temps; les professionnels ne peuvent qu'y applaudir pour peu que les députés aillent dans le sens souhaité! Il n y a pas que l'argent, bien que ce dernier soit le nerf de toute guerre, mais les professionnels sont en droit d'attendre un véritable encadrement de la profession avec un arsenal de lois incitatives, tout en érigeant des obstacles aux intrus de la profession. Quel est votre point de vue sur la production cinématographique algérienne? Ce que j'ai dit plus haut sur le cinéma amazigh ne concerne pas le cinéma national d'une manière générale. En ce qui concerne la cinématographie dans notre pays, tout un chacun peut constater qu'un vent de relance a soufflé sur le secteur de la culture, il ne faut pas se voiler la face! C'est une bonne chose. Il faut cependant reconnaître que cela fait très longtemps que nous n'avions pas goûté aux grandes récompenses internationales: longs et courts métrages compris. Mais rendons grâce, à la fois à ceux qui fournissent des efforts pour sortir de l'ornière et aux réalisateurs qui font tout pour hisser le drapeau national...