Longtemps brandie comme recours ultime, la grève aura bel et bien lieu dès ce matin... Une réunion des mem-bres du bureau fédéral, affilié à l'Ugta, élargie aux syndicats locaux a eu lieu hier au CHU de Bab El-Oued pour confirmer le mot d'ordre de grève lancé il y a de cela plusieurs semaines. Aujourd'hui et demain, donc, la santé risque de se retrouver entièrement à l'arrêt. Contrairement aux autres syndicats corporatistes liés aux secteurs de la santé, l'Ugta contrôle toutes les activités, à commencer par les spécialistes jusqu'à arriver aux gardiens et femmes de ménage en passant par les administrateurs, les cuisiniers, les médecins, les infirmiers, les techniciens... Tous les hôpitaux et les centres de soins risquent d'être paralysés même si le Snapap, dont le poids est incontestable dans ce secteur, vient de rendre public un communiqué dans lequel il se démarque du mot d'ordre de grève, accusant l'Ugta de vouloir récupérer ses actions, mais aussi de verser dans «l'agitation pure et simple». L'Ugta explique ce recours ultime, comme l'a rappelé le secrétaire général de la fédération, M.Rouaybia présent dimanche à la CEN de Zéralda, qui a accusé les autorités publiques de vouloir privatiser le secteur sans en avoir l'air. Il a précisé que le manque de moyens chroniques se ressent aussi bien sur les praticiens que sur les malades. Ces derniers, il faut le craindre, devront prendre leur «mal» en patience en attendant que passe la bourrasque de ces deux jours. En effet, et même si un service minimum est censé être assuré par les grévistes, il ne fait aucun doute que la vie des patients sera très sérieusement mise en danger puisque même en temps normal nos hôpitaux et centres de soins fonctionnent littéralement au ralenti. Cette grève, il faut le signaler, intervient alors que les pouvoirs publics viennent de décréter des hausses dans les salaires allant jusqu'à 8000 dinars pour les professionnels de la santé à la suite de la bipartite qui avait regroupé, le mois passé, le gouvernement et l'Ugta. Elle intervient, aussi, à un moment où le ministère semble montrer des prédispositions au dialogue avec les partenaires sociaux, même si l'idée de rendre autonomes les financements des hôpitaux et des centres de soins cache mal une première étape vers la privatisation pure et simple de ce secteur. Les supputations les plus diverses demeurent permises. L'Ugta, qui a déjà eu à prouver qu'elle était capable de mobiliser les foules dans le secteur de l'éducation où les syndicats autonomes font pourtant florès, peut provoquer aujourd'hui une nouvelle surprise en réussissant à immobiliser tout le secteur de la santé, y compris le ministère. Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.