«Il y a trop de blessés et de morts dans ces carrières», s'indigne le ministre de l'Energie. Les opérateurs étrangers exploitent mal les mines qui leur sont concédées par le pays. L'aveu est du ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, qui a réuni hier les directeurs de l'énergie et des mines des 48 wilayas. Il a déploré la manière dont ont été exploitées certaines mines algériennes par des opérateurs étrangers qui, selon lui, «font tout sauf exploiter correctement nos mines», sans citer celles visées par ce constat. Les étrangers ne sont pas les seuls responsables des dépassements. Yousfi a instruit les DME, présents à cette rencontre, d'inspecter toutes les carrières et mines pour contrôler les conditions d'exploitation et s'assurer de l'application des mesures de sécurité. «Nous sommes décidés à aller jusqu'au bout dans cette affaire, nous sommes décidés à arrêter l'exploitation illicite des carrières et des sablières. L'Etat est là, les règlements et les lois, il faut qu'ils soient respectés, il y a trop de blessés et de morts dans ces carrières», a affirmé le ministre. Il a aussi insisté sur le rôle des directeurs de l'énergie et des mines et de la police des mines pour faire respecter cette réglementation. Toujours dans le domaine de l'exploitation des mines, le ministre a annoncé que son département allait engager une lutte contre les exploitants fraudeurs, qui donnent de fausses déclarations sur les volumes d'extraction des minerais et leurs prix. A ce propos, il a affirmé qu'il n'allait pas se contenter de déclarations, mais dit être déterminé à réviser le cahier des charges pour l'exploitation des mines, afin de rendre obligatoire les informations sur les volumes des extractions et leurs prix réels, tout en instruisant les DEM de les déterminer chaque année. Il a aussi annoncé de nouvelles mesures pour assainir et développer le secteur des mines, qui accuse un retard considérable.«Dans le domaine des mines, nous avons pris un retard considérable», a déclaré le ministre. Pour 2011, l'Etat a dégagé une enveloppe financière de 800 millions de DA pour encourager la recherche minière, et compte modifier la loi y afférente pour lui permettre de contribuer à cette recherche. Le ministre a cité, dans ce sens, l'objectif d'atteindre pour la production de phosphate quelque 5 millions de tonnes par an à court terme. «Nous produisons à peine 1 à 1,5 million de tonnes de phosphate chaque année, alors que nos réserves nous permettent de produire dix fois plus», a regretté le ministre, qui a indiqué que le potentiel à découvrir pour cet engrais est très important. Le ministère de l'Energie et celui des Ressources en eau discutent actuellement de la possibilité d'installer des usines de traitement de phosphate pour produire des engrais, a indiqué le ministre. Sur le plan du renforcement de la distribution des produits pétroliers, Yousfi a révélé que le gouvernement a donné son accord pour accompagner Naftal dans le développement des capacités de stockage de produits d'hydrocarbures dont l'objectif est d'atteindre 30 jours de consommation d'ici à 2020. Revenant par ailleurs, sur le programme de développement des énergies renouvelables, le ministre a indiqué qu'il sera présenté dans les prochains jours au gouvernement. La mise en oeuvre effective de ce programme sera entamée en 2011 et permettra sur les vingt prochaines années de produire 40% des besoins en électricité de l'Algérie à partir de ces énergies, a encore fait savoir le responsable du secteur. Sur la participation de l'Algérie au projet Desertec, le ministre a répondu que «nous travaillons ensemble dans le domaine des énergies renouvelables, que ce soit avec les Allemands ou avec d'autres partenaires, une fois que nous aurons défini notre programme d'une manière précise». La consommation de l'électricité augmente en moyenne de 6 à 7% chaque année, ce qui appelle à un doublement des capacités de production tous les dix ans, a indiqué le ministre pour illustrer les besoins énormes de l'Algérie pour ce type d'énergie. Concernant la pétrochimie, le programme de développement en la matière vise à doubler, d'ici 10 à 15 ans, les capacités de raffinage de l'Algérie, estimées actuellement à 25 millions de tonnes.