La francophonie, pour le Président algérien, doit être un espace de revendication de plus de liberté et de justice dans le monde. Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a accordé un entretien au journal arabophone paraissant à Londres, Ashrak Al-Awsat dans lequel il est revenu sur tous les sujets brûlants du moment avec le franc-parler diplomatique qui l'a toujours caractérisé. En réponse à une question sur les affres du terrorisme qu'a eu à subir l'Algérie bien avant tout le monde sans que personne, ou presque lui vienne en aide, Bouteflika s'est montré particulièrement intransigeant en signalant qu' «il est inconcevable que le même terrorisme soit intolérable en Afghanistan et parfaitement accepté en Europe». Et de rappeler que «des islamistes, détenteurs de nationalité anglaise, continuent à faire ouvertement l'apologie de l'attentat de Bali sans rien risquer au Royaume-Uni sous prétexte qu'ils n'ont pas transgressé les lois ayant cours dans ce pays». Cela non sans ajouter que «des relations douteuses sont entretenues entre ces gens et les criminels activistes de par le monde». Une excellente entrée en matière, en somme, pour enchaîner sur la lutte antiterroriste telle qu'elle est menée actuellement par les Américains. A ce sujet, Bouteflika a tenu à rappeler «l'excellente relation qui lie l'Algérie aux USA» et même la relation d'amitié personnelle qu'il entretient avec Bush, ce qui ne l'empêche pas de préciser que cette démarche n'est pas la meilleure. Aux yeux du Président, les risques d'attaques contre l'Irak, et même la guerre menée en Afghanistan ne visaient qu'à éclipser les horribles exactions commises au Proche-Orient contre le peuple palestinien sans défense. Dans le même sens, le Président précise que son adhésion au Sommet de la francophonie répondait, entre autres, à une demande exprès du président libanais. Représentant un pays toujours spolié d'une partie de ses territoires alors que des résolutions onusiennes sont censées obliger les Israéliens à les lui rendre. Dans le même ordre d'idées, le Président affirme partager le point de vue de Chirac, héritier du gaullisme, mais aussi de tous les pays présents au niveau du cercle de la francophonie, pour qui la démocratie est une valeur incontournable, qui ne doit pas être occultée par ceux-là mêmes qui l'ont inculquée aux Etats sous-développés ou en voie de développement. En clair, Bouteflika se montre particulièrement indigné que des pays comme les USA ou Israël décident d'enlever Saddam ou Arafat sans même demander l'assentiment de leurs peuples respectifs. Les pays membres de la francophonie, qui ne veulent pas constituer un lobby quelconque, ne se déclarent pas moins attachés au droit international, à la paix dans le monde, à un minimum de justice sociale et de démocratie dans le monde. Dans le même temps, Bouteflika revient sur l'envoi d'inspecteurs de l'ONU, précisant être sûr, se basant sur les précédentes inspections, que l'Irak n'a plus rien à cacher. L'acceptation, donc, revient surtout, au yeux du Président algérien, à couper l'herbe sous les pieds des Américains, mais aussi à poser avec plus d'acuité la présence d'armes de destruction massive chez les Israéliens sans que personne s'en offusque. Pour ce qui est de la relation algérienne avec le Maroc, le Président a réitéré l'attachement de l'Algérie aux principes démocratiques et de droit international permettant au peuple sahraoui de décider tout seul de son sort. Il ajoute que cette question est entre les mains de l'ONU, ce qui constitue un rejet très élégant des diverses allégations formulées par le royaume chérifien en direction de notre pays. Dans le même temps, le Président Bouteflika précise que la meilleure preuve que l'Algérie n'a aucune visée sur le territoire sahraoui, c'est qu'elle a officiellement déposé au niveau de l'ONU le tracé de ses frontières. Ce qui, certes, n'est pas le cas de tout le monde, quand ce ne sont tout simplement pas des frontières tronquées. Pour ce qui est de l'UMA, tout en précisant que Marocains et Algériens sont condamnés à vivre en bon voisinage, le Président Bouteflika indique que la mondialisation oblige les Etats de l'UMA à accélérer le processus de formation de ce bloc, avant de conclure que l'Algérie continue d'oeuvrer inlassablement pour la tenue d'un Sommet dans les délais les meilleurs.