A en croire sa déclaration, tamazight menacerait aussi l'unité de la nation arabe. Il a appelé Cheikh Zayid Ben Soltan et Maâmar Kadhafi à intervenir auprès du Président pour l'amener à annuler sa décision concernant la constitutionnalisation de tamazight comme langue nationale. «Si les Kabyles veulent apprendre leur dialecte qu'ils le fassent, mais ils n'ont guère le droit de l'imposer à 94% des Algériens.» Cette déclaration est celle du Dr Othman Saâdi, président de l'Association algérienne pour la défense de la langue arabe, lors d'un entretien qu'il a accordé au journal arabophone Asharq Al Awsat. Il a adopté un ton virulent en évoquant la décision prise par le Président d'institutionnaliser tamazight comme langue nationale. Il l'accuse d'avoir cédé à un lobby francophone puissant dans le pays et d'avoir défié ainsi la volonté du peuple. «Bouteflika a évité le référendum, conscient que le peuple rejetterait sa décision». Pour le Dr Saâdi, «l'identité nationale est arabe et ce, depuis 14 siècles et aucun président n'a le droit de la toucher sans consulter le peuple». Le président de ladite association poursuit, ses accusations en qualifiant les défenseurs de la cause berbère de «pions entre les mains de leur maître en France». Il révèle aussi que l'objectif principal est de comploter contre la langue arabe. Il cite, à titre d'exemple, l'Académie berbère de Paris créée en 1967 qui constitue une menace pour l'identité nationale. M.Saâdi nous apprend aussi que «les partisans de l'arabisations ont des nationalistes contrairement au reste». Pourtant ce «nationaliste» n'y est pas allé par quatre chemins pour accuser de tous les maux tous ceux qui ne partagent pas son opinion. Le nationalisme réfute l'extrémisme qu'a adopté M.Saâdi dans son entretien. Après s'être attaqué au Président et aux militants de la cause berbère, vient alors le tour de la Kabylie à qui il reproche d'avoir été une proie facile durant le colonialisme français «en permettant la propagande du christianisme et du français». Il lance ensuite un appel au cheikh Zayid Ben Soltan des Emirats arabes et au président libyen pour intervenir auprès de Bouteflika afin de l'amener à annuler sa décision qui «conduirait le pays vers une catastrophe». «Le Président a entamé son mandat présidentiel par la concorde nationale. Va-t-il l'achever par la destruction de l'unité nationale?», s'est-il interrogé. A en croire sa déclaration, l'institutionnalisation de tamazight menacerait aussi l'unité de la nation arabe et aura des répercussions néfastes en Egypte, au Maroc, en Libye, en Mauritanie. L'Algérie serait donc à l'origine de la «balkanisation de la région». L'intervention du Dr Saadi Othman a été caractérisée par un ton accusateur et d'un extrémisme sans pareil. Ce même discours a conduit le pays vers la dérive et la violence durant la dernière décennie. Hier, on a tué au nom de l'Islam et aujourd'hui on alimente les mêmes haines au nom de «l'arabisation».