La Kabylie émerge lentement d'un drame qui a frappé de plein fouet la région. Plus de 117 morts et des centaines, pour ne pas dire, des milliers de jeunes gens blessés et souvent paralysés à vie, sans compter une panne économique assez grave. Tel est le prix que la région a payé pour une meilleure liberté de tous les citoyens. Au départ, une bavure, un jeune lycéen est assassiné dans les locaux de la brigade de gendarmerie de Béni Douala. Il est vrai que ce corps de sécurité comptait dans ses rangs - sa haute administration le reconnaît publiquement - des agents qui, à tout le moins, n'avaient rien à y faire! La Kabylie, qui en avait gros sur le coeur à propos des agissements de certains de ces spadassins, s'était levée comme un seul homme, pour dire non et halte à tous ces dépassements! Pour que le sang qui commençait à couler à flots cesse, une structure surgie du fond des âges, réussit à dominer la situation et à se placer en garde-fou contre toute évolution plus dramatique encore de la situation. Les ârchs étaient nés! Dans les premiers temps, les coordinations des représentants de la population se conduisaient comme de véritables mandataires des voeux des citoyens. La base était consultée régulièrement et aucun leader ne se mettait en tête d'aller contre le voeu des populations. Tout allait bien dans le meilleur des mondes. Des tensions existaient certes, mais tout cela n'était rien face à la mission dont ces ârchs, devenus Mouvement citoyen, avaient été investis. Des actions grandioses comme la marche noire de Tizi Ouzou et celle d'Alger le 14 juin ont été menées de main de maître! Le mouvement se portait bien et tout le monde était de tout coeur avec lui, surtout qu'il avait eu la bonne idée de mettre les partis politiques sur un pied d'égalité. Durant ce temps de l'idylle, les délégués se sont surpris à remplacer les services de police. Les gendarmes étant «persona non grata», le manque d'effectifs de la police dans la région a obligé les délégués à mettre la main à la pâte. Que de monte-en-l'air ont été appréhendés et remis à la justice! Il faut rendre hommage à ce mouvement qui, dès le départ, affirmait «ne pas être mandaté» pour remplacer les partispolitiques et ajoutait toujours: «encore moins le service d'ordre!». Dans les villages, les délégués réunissaient la population, lui rendaient compte et prenaient en charge leurs voeux.