Seules 400 unités sont passablement qualifiées sur les 35.000 entreprises de construction que compte le secteur de l'habitat. Terrible aveu du ministre de l'Habitat et l'Urbanisme, Noureddine Moussa: «Seules 400 entreprises disposent de capacités moyennes sur les 35.000 que compte le secteur de l'habitat», a déclaré, hier, le ministre lors d'un point de presse tenu à la fin de la 9e session de l'assemblée générale des promoteurs immobiliers adhérents au Fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière (Fgcmpi). Cette assemblée s'est tenue à l'hôtel El Aurassi, sur les hauteurs d'Alger. M.Moussa a poussé le bouchon plus loin en déclarant que pas moins de 16.000 entreprises sont classées au plus bas niveau d'une échelle allant de 1à 9 points. «Elles ont des moyens limités. Les entreprises passablement qualifiées se situent à partir du niveau cinq», a expliqué M.Moussa. Le constat du ministre est sans appel: il est temps de réorganiser le secteur de l'habitat. Et le premier segment à revoir est celui des opérateurs qui interviennent dans le secteur. «Des architectes se prennent pour des promoteurs immobiliers», a souligné le ministre. Il a exhorté les promoteurs immobiliers à se professionnaliser. «Vous vous plaignez du manque de main-d'oeuvre, alors que 80% de celle-ci est employée par des entreprises étrangères», leur a-t-il lancé. Il a fait remarquer, ensuite, que les jeunes Algériens préfèrent travailler dans ces entreprises car elles leur assurent les conditions de travail requises. «Les bases de vie de nos entreprises sont réduites à des conditions de vie rudimentaires», a-t-il regretté. Sur sa lancée, le ministre a levé le voile sur une autre réalité. «Rares sont les entreprises nationales qui peuvent prendre en charge, partiellement, de grands projets» a-t-il relevé. Pourtant, le ministre s'est montré optimiste quant à l'achèvement du programme quinquennal de 2 millions de logements. «Nous allons maintenir la cadence de la construction de 220.000 logements par année», a-t-il assuré. Le ministre a rappelé que le programme précédent, d'un million de logements, a été réalisé dans les délais requis. «Nous avons pu construire 1.045.000 logements», s'est-il félicité. Le ministre a évoqué le fléau de la spéculation dans ce secteur. Il a insisté sur la sous-location dont font l'objet des logements sociaux participatifs et des logements promotionnels. «Les logements gérés par les Opgi (Offices de promotion et de gestion immobilières) sont rigoureusement contrôlés par l'Etat», a-t-il assuré. Le ministre a souligné que ces Opgi gèrent 850.000 logements au plan national. Aussi, il a rejeté toute probabilité de sous-location de logements sociaux participatifs (LSP) et de logements promotionnels (LP). «La sous-location concerne des logements de particuliers», a-t-il soutenu. Il a mis l'accent sur l'importance des projets prévus pour les cinq prochaines années. «Nous avons inscrit 240.000 projets dans le cadre du Plan quinquennal», a-t-il annoncé. Pour l'achèvement de ce grand chantier, il a préconisé de constituer des bureaux d'études techniques pluridisciplinaires. En ce sens, il a déclaré que le projet de loi définissant les prérogatives de chaque opérateur dans le logement est en débat à l'APN. Ce texte sera soumis au vote des députés, mercredi prochain. «Ce projet vise à protéger les différents intervenants dans l'immobilier», a précisé le premier responsable du secteur de l'habitat. Il a souligné que des dispositions du décret législatif n°93-03 du 1er mars 1993 seront revues. Mieux, ce texte sera consolidé par de nouvelles mesures. Ce décret définit l'activité immobilière ainsi que les conditions de la «vente sur plan». Pour sa part, Belkacem Belhadj, directeur général du bureau de l'AG du Fgcmpi, a éxposé les difficultés auxquelles font face les promoteurs immobiliers. Il a évoqué le manque de matière première de construction. «Cela a provoqué une hausse des prix qui a paralysé plusieurs de nos chantiers», a-t-il rappelé. Le Fgcmpi compte près de 1500 promoteurs exerçant à l'échelle nationale. Le Fgcmpi a été créé par le décret exécutif n°97-406 du 03 novembre 1997. Pour rappel, le Collège national des experts architectes (Cnea) a relevé que l'Algérie compte un parc logement de 7 millions d'unités. Il a précisé que 55% de ces logements sont considérés vétustes. Autrement dit, plus de 3,5 millions de ces habitations nécessitent un programme national de restauration.