Le tramway sifflera-t-il enfin, afin de soulager les boutiquiers de la plus longue avenue de la banlieue-Est d'Alger? Dramatique est la détresse des commerçants de la rue de Tripoli qui traverse d'est en ouest Hussein Dey, l'une des grandes communes d'Alger. Les travaux multiples, ayant trait à l'installation du réseau du tramway, qui s'y succèdent concernent le réseau d'assainissement des eaux pluviales, les égouts, les lignes téléphoniques, les installations de gaz et d'électricité... Pour les commerçants, tous secteurs confondus, bien que nécessaires, reconnaissent-ils toutefois, ces travaux n'ont apporté pour l'heure que poussière en été et gadoue le reste de l'année, sans parler des inondations de la chaussée dont les eaux, faute d'avaloirs suffisants en nombre et en capacité, s'infiltrent jusque dans les magasins. Le stationnement, quant à lui, devient impossible, aussi bien pour des passants ou d'éventuels clients que pour les livreurs qui déchargent la marchandise. Les transporteurs doivent faire de la «gymnastique» pour trouver un accès à la rue Tripoli. Lorsqu'ils le trouvent, un problème plus ardu encore les attend, un vrai guet-apens. Ce cas précis survient surtout pour les livreurs ou taxis venus d'ailleurs et qui ne connaissent pas les méandres de la ville. Jusqu'à quand? s'inquiètent, à l'unisson, et légitimement, les commerçants de cette banlieue jadis grouillante de monde venant des quartiers très populeux de Bach Djarrah, Aïn Nâadja, El Maqaria et même de la commune voisine d'El Harrach ou autres centres urbains. En arpentant hier cette avenue, la plus longue de la capitale, nous avons pu nous entretenir avec nombre de commerçants dont le ras-le-bol est perceptible dès l'accueil qui reste du moins très avenant malgré la profonde lassitude face à des travaux qui n'en finissent plus. Nos interlocuteurs espèrent que ce reportage constituera un appel d'air et fondent l'espoir qu'il aura un écho auprès des responsables du projet du tramway pour accélérer les travaux. Tous les commerces sont touchés par cet interminable chantier. La clientèle s'est faite rare, sinon inexistante pour certaines enseignes comme les opticiens, les agences de voyages, les studios-photo, les librairies...Même les cafés et restaurants «chôment» hormis la mince clientèle du chantier lui-même, «rien de fameux», se plaint un restaurateur dont l'établissement par le passé ne désemplissait pas. En effet, beaucoup d'ouvriers du chantier font eux-mêmes leur «popote» ou rapportent avec eux des plats qu'ils réchauffent, ou se contentent d'un frugal casse-croûte. Auprès de l'agence bancaire El Badr de ce quartier, même son de cloche chez la dame responsable de cette antenne. Bien qu'elle n'ait été «nommée que récemment à ce poste», elle regrette amèrement la persistance de cette situation Elle a dénoncé tout de go la lenteur des travaux dans cette artère à sens unique menant vers le centre-ville et qui «privent la banque de stationnement tant pour les clients que pour les fourgons de transport de fonds», en confiant que ses «clients se dirigent vers d'autres antennes de la Badr lorsque ce n'est pas vers d'autres banques tout simplement». Interrogé par L'Expression, un passant affichant un profil d'intellectuel, octogénaire, n'a pas hésité à montrer du doigt les commerçants qui ne veulent pas quitter les lieux pour s'installer ailleurs moyennant une indemnité confortable, selon lui...Il estime pour sa part que «la ville doit s'agrandir et se développer encore plus pour être en mesure d'accueillir les dizaines de milliers de personnes qui affluent chaque jour que Dieu fait vers la capitale pour y trouver travail, pitance et culture». Notre interlocuteur estime que «c'est le tribut que l'on doit payer pour le développement de la capitale» jugeant que «ces commerçants réfractaires n'ont pas de projections d'avenir et ne regardent pas plus loin que le bout de leur nez». Plus loin, une dame n'a pas caché son désarroi quant au problème de transport qu'elle rencontre chaque jour, devenu une difficulté quasi quotidienne à laquelle font face ses enfants pour aller à l'école et leur père pour se rendre au travail. Une autre citoyenne, vêtue d'un hidjab, s'est plainte de «la poussière épaisse qui envahit mon logis...» et du «bruit que font, lorsqu'ils sont là, précise-t-elle, les gros engins des travaux publics». Voulant avoir de plus amples précisions quant à l'évolution des travaux induisant cette situation pénalisante pour les riverains, L'Expression a contacté la mairie de Hussein Dey. La galère! Trimballé du bureau de l'urbanisme à celui du secrétaire général de l'APC pour finir chez le vice-président de l'APC (d'ailleurs absent), il n'a pas été possible de trouver quelqu'un capable de répondre aux doléances des habitants de Hussein Dey, aux questions du journaliste ou, à tout le moins, expliquer le pourquoi du retard qu'accuse la réalisation du tramway, rassurer la population, particulièrement celle active, dont les commerces périclitent. Rien de tout cela et les édiles de la commune ont choisi de se dérober à leur responsabilité, qui est celle d'informer la population sur l'évolution du chantier du tramway avec toutes les retombées (négatives) sur leurs activités de tous les jours.