L'ex-P-DG de Sonatrach, son successeur par intérim et le directeur de la société algéro-française Safir sont dans le collimateur de la justice. On croyait que la page du scandale de Sonatrach a été tournée. Mais apparemment, ce n'est pas tous les détails du dossier qui sont dévoilés. Le dernier rebondissement dans cette affaire a été la mise sous mandat de dépôt, avant-hier, du président-directeur général de Tassili Airlines et ancien P-DG par intérim de Sonatrach, Abdelhafid Feghouli, par le juge d'instruction du tribunal d'Arzew, à Oran. M.Feghouli est mis en cause dans le cadre d'une enquête ouverte par la justice visant la société algéro-française d'ingénierie et réalisation Safir, qui a décroché, selon les premiers éléments de l'enquête judiciaire, plusieurs marchés dans des conditions douteuses en recourant à la formule de gré à gré. L'ex-P-DG de la même compagnie pétrolière, Mohamed Meziane et le directeur de Safir SPA, ont été placés sous contrôle judiciaire dans le cadre d'une enquête sur des infractions présumées dans la passation de marchés entre Sonatrach et Safir. Safir SPA est une société algéro-française dont l'Etat algérien détient 51% (Sonatrach 36% et Sonelgaz 15%) et l'entreprise française Marais Contracting 49%. Cette société a obtenu, en octobre 2007 avec Sonatrach et à travers sa filiale Aval dirigée à l'époque par Feghouli, un marché d'un montant de 10 millions de dollars. Le marché consistait en la réalisation d'une station de stockage d'azote et ce, par la procédure de gré à gré. Safir a également engrangé une somme de 168 milliards de centimes suite à des conventions conclues avec Sonatrach en 2008. Un autre marché d'un montant de 27 milliards de centimes a été également décroché en 2008 par cette entreprise pour des prestations d'engineering et de services de projets. Tous ces contrats ont été passés suivent la procédure de gré à gré, sans solliciter des appels d'offres et les publier dans le Baosem, le Bulletin d'offres du secteur de l'énergie et des mines, comme le stipule la réglementation en vigueur. Ainsi, il n'est pas exclu, avec cette nouvelle donne et l'enquête ouverte à Oran, que les prochains jours puissent nous dévoiler d'autres dossiers de corruption qui éclabousseront davantage Sonatrach. Cela est d'autant plus plausible lorsque l'on sait avec quelle légèreté et opacité les affaires de cette société sont gérées, notamment cette dernière décennie où l'ex-ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, gérait la plus importante (société nationale des hydrocarbures) comme une entreprise familiale. Les scandales dévoilés grâce aux enquêtes des services de sécurité en début de l'année en cours ont été fatals pour Khelil qui a été démis de ses fonctions le 28 mai dernier dans le cadre du remaniement ministériel.