Des escadrons de policiers étaient aux trousses des délinquants. C'est dans le cadre de la sécurisation de la capitale, pour cette fin d'année qu'une opération «coup de poing» a été menée hier, par la Sûreté de wilaya d'Alger. Environ 5000 policiers ont été mobilisés pour la circonstance. Il était environ 21h quand on est arrivé sur l'esplanade de Bab El Oued, venant de Staouéli, le point de regroupement de toutes les unités. Des placettes sur le front de mer, remarquablement aménagées que les quelque 220.000 habitants de ce quartier populaire d'Alger doivent, paradoxalement, à «El-hamla» ou les inondations de 2001. Avant d'entamer l'opération de fouilles, certains policiers laissent entendre que «par une telle température qualifiée de grand froid, les délinquants devront renoncer à retrouver leurs repaires habituels, notamment ceux se trouvant sur le rivage». Mais celui dont les compagnons nomment «Dragon» ne l'entend pas de cette oreille. Sous le regard grave de son «chef», le commissaire de la sûreté de daïra du quartier sus-indiqué, sait dans quoi il s'embarque. A peine la recherche entamée au lieudit «Les rochers», qu'un groupe de jeunes, «certainement des indics», croient savoir les policiers, se retrouvaient de l'autre côté de la route, mis sans doute au parfum par leurs acolytes. «Ces derniers, dont la majorité sont des gamins, sont payés et fournis en cannabis et autres psychotropes par les dealers en contrepartie de la tâche de surveiller les mouvements des services de sécurité», affirme-t-on. Qu'à cela ne tienne! Les coins et le recoins des «Rochers» sont passés au peigne fin. Toutefois, rien de vraiment anormal n'à été relevé. Quelques personnes qui s'engouffraient dans le noir à travers les rochers sont débusquées. Néanmoins, ces derniers ne portent ni arme blanche ni cannabis, encore moins des joints. Tous, tout au plus, étaient surpris en train de manger et de boire de la bière et du vin. Cette catégorie qui s'adonne à la consommation d'alcool, à l'abri des rochers, «ne dérange personne, d'autant plus que les bars et les dépôts qui sont légion à Bab El Oued ont été fermés au cours de la tragédie nationale», selon le chef du groupe. Après les Rochers, le groupe de policiers s'insinue à travers les étroits escaliers, infects et nauséabonds, en direction d'une crique en bas de la falaise. Des personnes d'un certain âge, qu'on qualifie parfois de délinquants, voyous, bandes ou dealers y élisent domicile tout au long de l'année. En ces temps de marée montante, les vagues atteignent les baraques de fortune érigées en contrebas de la falaise. Ici encore, la fouille minutieuse à l'aide d'une torche, n'a rien donné. Par la grâce du téléphone portable, les points réputés «chauds» ou «gris», deviennent des points morts, regrettent les agents de la Sûreté. Toutefois, «il faut agir vite et tant qu'ils sont là il faut les prendre», a-t-il été décidé en fin de compte. Tandis que l'un des trois groupes, ratisse l'intra-muros du quartier, l'autre se rend du côté Est de l'esplanade, soit du côté de la place El-Kettani, le chef trouve judicieux de resserrer l'étau sur les locataires du bas-côté de l'esplanade. Ainsi, le plan d'action est vite défini. Parallèlement, les talkies-walkies n'arrêtent pas de crépiter. Le coordinateur de l'opération n'a pas cessé de lancer des massages radio. «Il faut prendre au sérieux cette opération», disait-il, soulignant «l'obligation de résultat». Le message semble être bien reçu. L'avant-dernière fouille s'est soldée par l'arrestation de deux individus. Ces derniers ont été pris en flagrant délit de consommation de joints, l'un à l'intérieur de son véhicule en stationnement et l'autre sur les rochers. «Je jure que je n'ai rien sur moi à part ce joint», lance l'un deux au bord des larmes. «On n'a pas d'autres lieux où aller et on n'a aucune relation avec la drogue», se lamentent ces jeunes qui s'identifient comme ouvriers venus de l'intérieur du pays. «On est entre le marteau de la pègre et l'enclume de la loi», s'accordent à dire les policiers. «On est plus souvent confrontés aux délinquants armés de toutes sortes de couteaux et de sabres. Et, dans ces conditions, l'usage de l'arme est strictement interdit par le Code des procédures pénales», confient-ils. «Et tout ça est couronné par le renoncement des victimes qui se rétractent une fois devant la justice», ajoutent-ils. A ce propos, les policiers citent la fameuse affaire de l'arrestation d'un délinquant qui avait tourné au drame à Bab El Oued. Le policier ayant tiré sur la victime, armée du reste et délinquant récidiviste, fils d'un récidiviste, qui n'a bénéficié de circonstances atténuantes qu'après le témoignage de l'enseignante agressée, ramenée par la force publique devant le tribunal, ayant refusé de donner son témoignage par crainte de représailles. Environ 5000 policiers ont été mobilisés pour cette opération ponctuelle. Au point de départ de cette opération, l'unité des opérations de Staouéli a vu le rassemblement de plus de 800 policiers issus des unités de la Police judiciaire des Sûretés de daïra, des brigades mobiles de la police judiciaire(Bmpj) ainsi que ceux des unités urbaines et les renseignements généraux. C'est là également que les tâches ont été déterminées en présence de l'adjoint chef de sûreté de la wilaya d'Alger. Le bilan global de cette opération fait état de 958 personnes identifiées, 34 impliquées dans plusieurs affaires ayant trait au port d'armes blanches prohibées, la consommation du cannabis et des psychotropes, ont été arrêtées. 881 véhicules ont été également identifiés et 19 amendes ont été établies.
