l'Algérie va prendre possession de Djezzy au prix que doit fixer un bureau d'études américain. L'issue du bras de fer opposant le gouvernement algérien à Djezzy semble proche. Une nouvelle étape dans le règlement du conflit est franchie avec la désignation du cabinet conseil qui va accompagner l'Algérie dans sa quête de rachat des actions de l'opérateur de téléphonie mobile. Le cabinet américain Cuturs-Mallet-Prevost-Mosle-LLP devra empocher un montant de 1,8 million d'euros pour accomplir sa tâche dans une période de trois mois. C'est le délai qui lui est accordé pour proposer au gouvernement algérien les moyens d'arriver rapidement à concrétiser son objectif. L'un des préalables à cette transaction est de déterminer la valeur des actions de Djezzy, filiale d'Orascom Telecom Holding. L'annonce officielle de l'attribution de ce contrat n'est pas encore intervenue officiellement, mais l'information devrait être confirmée par le ministère des Finances dans le courant de la semaine prochaine. Le recours à un bureau d'études est rendu inévitable faute d'accord entre les deux parties. Aucun accord à l'amiable n'a été trouvé par le gouvernement avec OTH. L'un des points de discorde concerne le niveau du prix de cession. Le prix souhaité par OTH n'est pas loin de 8 milliards de dollars. C'est nettement au-dessus de celui que le gouvernement algérien semble prêt à débourser. Il est de moitié moins. Voire davantage. Certaines sources situent l'offre à 2 ou 3 milliards de dollars. L'ancien ministre des Postes, Hamid Bessalah, avait annoncé quelques jours avant son départ du gouvernement l'année dernière, que l'Etat algérien était prêt à mettre le prix qu'il fallait pour entrer en possession de l'opérateur revendiquant au moins 14 millions de clients. Naguib Sawiris voulait vendre sa filiale à des Sud-Africains ou à des Russes, mais c'était compter sans la ténacité du gouvernement algérien qui a fait valoir son droit de préemption dans l'affaire. Même Dmitri Medvedev et Jacob Zuma, respectivement président de la Fédération de Russie et de l'Afrique du Sud n'ont pas réussi à faire infléchir la position du gouvernement. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne serait pas tenté de céder la filiale après son acquisition. Que ferait le gouvernement avec un second opérateur public puisque Mobilis est déjà entre les mains du secteur public? La désignation d'un cabinet d'études n'écarte pas non plus d'autres procédures telle celle d'un arbitrage international, comme menace de le faire Naguib Sawiris. Il a laissé entendre, la semaine dernière, que la procédure devant les tribunaux internationaux pourrait démarrer bientôt. Ce qui n'a pas été suffisant pour impressionner les membres du gouvernement concernés par le dossier. Même le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, est monté au créneau lors de sa prestation devant le Sénat en décembre dernier pour appuyer publiquement sa démarche. L'annonce du gouvernement de faire appel à un cabinet étranger a attiré plusieurs offres. Dix cabinets et banques d'affaires avaient répondu à l'appel d'offres lancé par le gouvernement algérien: Renaissance Capital (Grande-Bretagne), le groupement Rothschild (France), Global Investment House (Koweït), Goetz Partners (Allemagne), Cuturs-Mallet-Prevost-Mosle-LLP (Etats-Unis), HSBC (G-B), Grant Thornton (France), Swicorp (Arabie Saoudite), Shearman and Sterling-LLP (France) et RSM (Tunisie). Mais sur les dix, quatre étaient inéligibles car ayant déjà travaillé avec OTH ou VimpelCom, nouveau propriétaire d'OTH. HSCB a travaillé à la fois avec OTH à plusieurs reprises et VimpelCom. Rothschild a déjà conseillé OTH et Telenor, un des principaux actionnaires de VimpelCom. Les deux autres cabinets qui ont déjà travaillé avec l'un ou l'autre des groupes sont Renaissance Capital (GB) et Global Investment House (Koweït). Or, l'appel d'offres exclut de fait les banques et cabinets qui ont déjà eu des relations avec OTH et son nouveau propriétaire VimpelCom. Fondé en 1830, ce cabinet américain est spécialisé dans l'arbitrage. Il possède treize bureaux situés aux Etats-Unis, en Europe, en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique latine. Sur son site, le cabinet précise qu'il a déjà accompagné des Etats et des multinationales, des compagnies publiques, familiales, etc. dans des opérations internationales.