L'opposition au Yémen a appelé dimanche soir à protester après que le Parlement a voté le principe d'une révision constitutionnelle susceptible d'ouvrir la voie à la réélection à vie du président Ali Abdallah Saleh. Le Forum commun, qui réunit plusieurs formations d'opposition, a appelé à «mobiliser le peuple» et à «organiser un mouvement de protestation (...) pour faire de la nouvelle année (2011) l'année de la lutte pacifique jusqu'à la victoire». Samedi, quelque 170 députés du Congrès populaire général (CPG, du président Saleh), sur les 301 membres du Parlement, se sont prononcés en faveur du principe d'une révision constitutionnelle controversée, malgré les objections de l'opposition et l'appel des Etats-Unis à privilégier le dialogue. Les amendements constitutionnels doivent désormais être discutés et adoptés en détail le 1er mars. «Le régime commence à produire des politiques corrompues et autoritaires contraires à la Constitution et à la loi», affirme dans un communiqué le Forum commun, qui regroupe le parti Al-Islah, principale opposition islamiste, et le Parti socialiste, ainsi que d'autres petites formations. La révision constitutionnelle prévoit en particulier la suppression de la limitation à deux mandats consécutifs pour le chef de l'Etat. Au pouvoir depuis 1978, M.Saleh a été élu pour la première fois en 1999 au suffrage universel direct pour un mandat de sept ans. Son deuxième mandat court jusqu'en 2013. Les députés de l'opposition avaient refusé de prendre part au vote samedi et observé un «sit-in» devant le Parlement. Pour l'opposition, qui compte 65 députés avec les indépendants, cette révision constitutionnelle détruirait «ce qui reste des bases de la démocratie» au Yémen, un des pays arabes les plus pauvres et unique République de la péninsule arabique. L'opposition accuse le président Saleh, 68 ans, de vouloir transmettre la présidence à son fils aîné Ahmed, chef de la Garde républicaine, unité d'élite de l'armée.