Les chefs de l'opposition soudanaise travaillent sur la façon de faire tomber pacifiquement le régime soudanais, a affirmé lundi soir devant la presse à Doha le dissident islamiste Hassan al-Tourabi. «Une fois que les chefs de l'opposition ont réalisé que les élections étaient sans espoir (...) ils se sont mis d'accord pour renverser le régime», a déclaré M.Tourabi, ancien mentor du président Omar El Bechir, devenu l'un de ses adversaires les plus virulents après avoir été écarté du pouvoir en 1999. Il a, notamment qualifié de «frauduleuses» les élections législatives, régionales et présidentielle - premier scrutin multipartite depuis 1986 - qui se sont déroulées en avril dernier. «Des sous-comités ont été désignés pour préparer les moyens nécessaires pour faire tomber le régime, juste après que les résultats du référendum seront annoncés», a-t-il ajouté. Les chefs se sont accordés sur le fait que le changement de régime se ferait «sans arme mais avec le peuple», a souligné M.Tourabi. «Le changement (...) n'aura pas lieu qu'à Khartoum mais dans l'ensemble du Soudan». La «société civile a la capacité de renverser pacifiquement le régime», a-t-il estimé. L'opposant islamiste a toutefois écarté l'éventualité d'un coup d'Etat, forme de changement que «tout le peuple soudanais abhorre désormais». Quant au référendum d'autodétermination au Sud-Soudan, prévu du 9 au 15 janvier, M.Tourabi a estimé que «sans nul doute le Sud deviendra indépendant». «Peut-être le Darfour et l'Est suivront», a-t-il estimé, en référence notamment à la région de l'Ouest soudanais en proie à une guerre civile depuis 2003. Le référendum du Sud-Soudan est le point d'orgue de l'accord de paix global ayant mis fin à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord, musulman et en grande partie arabe, et le Sud, chrétien et en majorité africain, un conflit à l'origine de deux millions de morts entre 1983 et 2005. Hassan al-Tourabi a été emprisonné à plusieurs reprises par le passé, notamment en janvier 2009 après avoir affirmé à des médias internationaux que le président soudanais était «politiquement coupable» de crimes commis au Darfour.