Le 12 janvier, marquant le début de l'année berbère (Yennayer), n'est autre que le jour de l'intronisation du roi Chachnak I. Tout Algérien en visite au musée du Caire ne peut s'empêcher de s'intéresser plus particulièrement à la «suite royale» réservée à la XXIIe dynastie de l'Egypte ancienne où sont exposés de véritables trésors des rois amazighs, ces ancêtres des Algériens devenus Pharaons d'Egypte pendant près de deux siècles. La date du 12 janvier, marquant le début de l'année berbère (Yennayer), n'est autre que le jour de l'intronisation du roi amazigh Chachnak I comme Pharaon d'Egypte en 950 avant Jésus-Christ, selon une version très ancrée chez les historiens. Ce jour-là, Chachnak, dont le nom est parfois transcrit Chechonk, marque sa victoire sur le Pharaon Psousennès II, ce qui lui permit de conquérir l'Egypte où il fonda sa capitale, Tanis, ville du Delta du Nil portant actuellement le nom de San El Hadjar. Dans une grande salle, au premier étage du musée, non loin du lieu où sont exposées les momies des célèbres Pharaons comme Toutankhamon ou de Néfertiti, le visiteur découvre, émerveillé, les trésors de cette dynastie, trouvés en 1939 dans la nécropole des rois de Tanis par une mission d'égyptologues français. De grands sarcophages en granit, en bois et même en argent, affichant une écriture hiéroglyphe et des dessins pour guider les morts dans l'au-delà, et qui portaient les momies de ces rois, sont posés à même le sol. D'autres objets de valeur (des amulettes et des bijoux en or massif toujours éclatants) sont bien protégés dans de solides vitrines. Le clou de l'exposition réside dans un masque en or similaire à celui du roi Toutankhamon, tout proche, et dont la renommée mondiale le rend incontournable pour tout visiteur dans ce musée rassemblant le plus grand nombre d'antiquités au monde. Au centre de la salle, on trouvera exposés une large ceinture qui servait à orner le buste du Pharaon lors des cérémonies officielles, un collier en or d'au moins deux kilos ainsi que plusieurs bijoux d'apparat. Les objets exposés renseignent sur la véritable richesse de cette dynastie à tel point que certains ont accusé le roi Chachnak d'avoir accaparé des trésors du roi Salomon, puisque le règne de Chachnak - nom porté par au moins cinq rois de cette famille- s'est étendu à d'autres régions du Moyen-Orient. Certaines antiquités et trésors de la XXIIe dynastie se trouvent actuellement dans des musées européens, tel le Louvre en France où est exposé un buste en or du roi Aserkoun ou encore à Budapest où est conservée une statuette de l'un des héritiers du trône de Chachnak. L'absence des momies de ces rois s'explique, selon un égyptologue, par la décomposition des corps en raison du taux d'humidité très élevé à Tanis, proche de la mer, contrairement aux autres momies découvertes souvent intactes dans le sud de l'Egypte du fait de l'absence d'humidité. Rencontrée sur place, une jeune Algérienne étudiante en histoire dans une université égyptienne, n'a pas hésité à qualifier le règne de cette dynastie en Egypte à celle des Fatimides, fondateurs de l'actuelle capitale Le Caire, avant de souhaiter voir ces trésors exposés un jour à Alger, pourquoi pas un Yennayer, afin de restituer à cette dynastie sa véritable envergure.