Aucune composante du peuple tunisien ne va être exclue du nouveau processus en cours. Au lendemain de la fuite de Ben Ali chassé par son peuple, la Tunisie, en proie au doute, entame sa transition démocratique. Même si le régime de Ben Ali a créé un vide politique et banni le pluralisme, des figures de l'opposition refont surface. Il s'agit de Maya Jribi et Nejib Chebbi, du PDP (Parti démocrate progressiste, opposition légale), Hamma Hammami, du Pcot (Parti communiste des ouvriers de Tunisie, illégal), qui a été arrêté, puis libéré récemment. Dans l'exil, il y a Moncef Marzouki, installé en France et qui préside le CPR (Conseil pour la République). «Il faut restaurer très vite la souveraineté populaire. Il nous faut constituer un gouvernement de transition associant toutes les forces vives de ce pays. Et aller vers une conférence nationale pour doter le pays d'une nouvelle Constitution», a déclaré, hier, Kamel Jendoubi, un opposant de longue date au régime de Zine El-Abidine Ben Ali. Derrière une façade homogène, l'Ugtt (Union générale des travailleurs tunisiens) est la seule organisation qui ait fait le lien avec le mouvement social. Ses représentants locaux étaient présents dans les manifestations dans tout le pays. Les bâtiments du syndicat ont servi de refuge et de repli aux manifestants. Aussi, l'Ugtt va devenir un acteur central de l'échiquier politique. C'est la seule institution qui pouvait, à la fois, développer des compromis avec le pouvoir et jouer un rôle auprès de la population. Les principaux partis d'opposition tunisiens, dont la majorité d'entre eux est interdite, ont demandé, dès vendredi dernier, «le départ de Ben Ali et l'instauration d'un gouvernement provisoire chargé, dans les six mois, d'organiser des élections libres», dans une déclaration commune publiée à Paris. «Nous demandons le départ de Zine El-Abidine Ben Ali et l'instauration d'un gouvernement provisoire chargé dans les six mois d'organiser des élections libres», ont exigé associations et partis politiques tunisiens en France dans une déclaration lue lors d'une conférence de presse à Paris. Parmi les partis et associations signataires figurent le CPR (Congrès pour la République) de Moncef Marzouki, le Parti communiste ouvrier tunisien (Pcot), le mouvement islamiste modéré En Nahdha, le Comité pour le respect des libertés et des droits de l'homme en Tunisie (Crldht) mais aussi le Parti démocratique progressiste (PDP, formation d'opposition légale, sans siège au Parlement). Les signataires demandent également la promulgation «d'une amnistie générale pour tous les détenus d'opinion», «le retour des exilés» ou «l'instauration d'une commission indépendante chargée d'enquêter sur les assassinats». «Nous dénonçons la corruption généralisée qui a gangrené notre pays et nous demandons le jugement des responsables», ont-ils encore prescrit dans le communiqué. Kamel Jendoubi, en exil forcé depuis 1994, a annoncé son intention de rentrer en Tunisie «dès que ce serait possible», tandis que le représentant du CPR indiquait que ce serait aussi le cas de l'opposant historique Moncef Marzouki. «La démocratie est la seule solution, même si nous sommes tous différents», a déclaré Hocine Jaziri, du mouvement islamiste interdit En Nahdha rappelant que «30.000 militants» de son mouvement avaient été emprisonnés dans les geôles de Ben Ali ces dernières années. De son côté, Rached Ghannouchi, le chef du parti a déclaré qu'il préparait son retour dans son pays, et qu'il était disposé à la formation d'un gouvernement d'Union nationale. C'est ce qu'avait proposé le président par intérim. Depuis Londres, où il vit en exil, il a indiqué que «l'intifada tunisienne a réussi à faire tomber la dictature». le président par intérim n'exclut aucun Tunisien du nouveau processus et appelle à un gouvernement d'Union nationale.