Une enquête judiciaire a été ouverte contre lui et sa famille en Tunisie. Les biens du président déchu Ben Ali, continuent de défrayer la chronique. Une enquête judiciaire pour «acquisition illégale de biens» et «placements financiers illicites à l'étranger» a été ouverte contre lui et sa famille en Tunisie, a annoncé, hier, l'agence officielle Tunis Afrique presse (TAP). Ce travail d'investigation est expliqué par «l'acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers», les «placements illicites à l'étranger» et «l'exportation illégale de devises». Outre cette enquête qui risque de mettre en lumière quelques aspects de l'enrichissement de la famille Ben Ali, l'ex-président, réfugié en Arabie Saoudite, n'est pas autorisé à s'exprimer. Le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud Al-Fayçal, a indiqué hier, dans une première déclaration officielle sur la venue de Ben Ali en terre saoudienne, que son accueil «ne peut conduire à une quelconque activité (en Tunisie) depuis le territoire saoudien». La présence de l'ex-président tunisien dans le Royaume s'accompagne «de conditions et de restrictions. Aucune action ne sera autorisée». Le chef de la diplomatie saoudienne a assuré d'autre part, que son pays se tenait «aux côtés du peuple tunisien» auquel il a souhaité «la stabilité, le développement, la prospérité et la liberté auxquels il aspire». Du côté de l'Europe, la France, l'Allemagne et la Suisse ont décidé de serrer l'étau autour de la fortune du clan du président déchu. A l'Elysée, on assure que Paris avait pris «les dispositions nécessaires» pour bloquer d'éventuels «mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens en France». Cette fortune ne se résume pas en lingots d'or ou en capitaux, mais de biens immobiliers que le clan Ben Ali détiendrait sur le sol français. Le quotidien Le Figaro a évoqué, entre autres, des appartements dans les beaux quartiers parisiens. «Nous nous tenons à la disposition des autorités constitutionnelles tunisiennes pour voir, autant que de besoin, ce qu'elles souhaitent, s'agissant des avoirs immobiliers de Ben Ali ou de son entourage», a indiqué le porte-parole du gouvernement français, François Baroin. Cette vigilance, «particulière», selon la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, porte sur deux volets: administratif et immobilier. Pour le premier, une cellule antiblanchiment est mobilisée afin d'éviter une «évasion» des avoirs du président déchu, tandis qu'au second, il ferait l'objet de «procédures judiciaires».. Au lendemain de la destitution de Ben Ali, le président Sarkozy a affirmé que la France avait pris «les dispositions nécessaires pour que les mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens en France soient bloqués administrativement». Ces décisions de blocage décidées par la France sont soutenues par l'Allemagne. Le gouvernement de Berlin s'engage à ce que «l'UE ne soit pas un havre de paix pour de l'argent d'Etat détourné», a déclaré le secrétaire d'Etat allemand aux Affaires européennes, Werner Hoyer, au quotidien Der Tagesspiegel. «Si des mesures comme le blocage de comptes bancaires ou l'interdiction de se rendre (dans l'UE) sont nécessaires, nous les soutiendrons», a-t-il précisé. En Suisse, plusieurs voix se sont élevées pour réclamer aux autorités le gel des éventuels avoirs détenus par Ben Ali dans la Confédération. «Ces mesures vont dans le sens d'encourager ces deux Etats à présenter des demandes d'entraide judiciaire en matière pénale», a expliqué la ministre des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey. Dans le même contexte, le Parti socialiste a appelé le gouvernement à répondre de «manière positive à toute demande des autorités tunisiennes tendant à récupérer ces avoirs pouvant résulter de la corruption». Le feuilleton inhérent aux biens de Ben Ali ne fait que commencer.