Le Premier ministre en exercice Saad Hariri a donné le ton jeudi soir en annonçant, lors d'un discours à la nation, sa candidature au poste de Premier ministre «en dépit des intimidations» du Hezbollah Les partis politiques libanais semblaient hier se diriger vers une confrontation, chaque côté durcissant ses positions après l'échec des efforts internationaux de médiation. Le Premier ministre en exercice, Saad Hariri, a donné le ton jeudi soir en annonçant lors d'un discours à la nation sa candidature au poste de Premier ministre «en dépit des intimidations» du Hezbollah. «Nous participerons aux consultations parlementaires avec le président de la République lundi, et je reste engagé à me porter candidat, conformément à la décision de mon groupe parlementaire», a-t-il ajouté. Le Liban est divisé depuis des mois au sujet du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) chargé de trouver et de juger les responsables de l'assassinat, en 2005, de l'ancien Premier ministre sunnite Rafic Hariri, père de Saad, dans lequel le puissant Hezbollah s'attend à être mis en cause. Les déclarations de M.Hariri intervenaient après la décision de la Turquie et du Qatar de suspendre leur médiation destinée à débloquer la crise, au lendemain de l'annonce par l'Arabie Saoudite qu'elle abandonnait sa médiation avec la Syrie. Le leader druze libanais, Walid Joumblatt, apparaissait hier comme l'arbitre entre le camp de M.Hariri et celui du Hezbollah. Il devait annoncer son choix hier en fin de journée. Son bloc parlementaire compte 11 députés, parmi lesquels cinq chrétiens et un sunnite. S'il réunit suffisamment de soutiens parmi ses députés, il peut permettre au Hezbollah d'imposer son candidat au poste de Premier ministre. Le Hezbollah et ses alliés devraient présenter pour candidat Omar Karamé, qui a déjà été Premier ministre à deux reprises. Le Hezbollah compte 57 sièges au sein du Parlement, contre 60 pour la coalition de M.Hariri. Le parti chiite, classé sur la liste noire des mouvements terroristes par Washington, a besoin des voix de huit députés en dehors de son alliance pour remporter la victoire. «Il est clair que Joumblatt craint des violences confessionnelles et n'a d'autre choix que de soutenir le Hezbollah», a indiqué un responsable proche de son bloc parlementaire. La situation «ne tient qu'à un fil et peut-être si le Hezbollah a ce qu'il veut, elle ne dégénérera pas en violence». Le 12 janvier, les 11 ministres du camp Hezbollah ont démissionné, provoquant la chute du gouvernement de Saad Hariri, qui avait refusé de céder à leur exigence de désavouer le TSL. Le Hezbollah a averti qu'il se «défendra» contre toute charge du TSL. Lundi, à La Haye, le procureur du TSL, le Canadien Daniel Bellemare, a présenté au juge de la mise en état, le Belge Daniel Fransen, un acte d'accusation confidentiel accompagné de «documents justificatifs». Le président libanais Michel Sleimane doit débuter ce lundi ses consultations avec les groupes parlementaires sur la nomination d'un nouveau Premier ministre. Selon le système de partage du pouvoir en vigueur au Liban, le président doit être chrétien maronite, le Premier ministre musulman sunnite et le président du Parlement musulman chiite. Ahmed Fatfat, député du bloc parlementaire du Premier ministre en exercice, a affirmé que sa coalition ne participerait pas à un gouvernement dirigé par le Hezbollah et ses alliés en cas d'échec de Saad Hariri. «Nous sommes toujours confiants (...) mais dans l'hypothèse d'une victoire de l'autre camp, je ne pense pas que nous allons participer à un tel gouvernement», a-t-il indiqué. La crise politique a provoqué des craintes de violences confessionnelles similaires à celles de mai 2008 où des combats entre sunnites et chiites avaient fait une centaine de morts et mené le pays au bord de la guerre civile.