Bras de fer n Le Liban a plongé dans une crise politique «ouverte» après la chute du gouvernement de Saad Hariri provoquée par la démission du camp du Hezbollah. La coalition gouvernementale au Liban s'est effondrée, hier, mercredi, après la démission des ministres du Hezbollah et de ses alliés, enfonçant le pays dans la crise liée à l'enquête d'un tribunal de l'ONU sur l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri. «Crise ouverte», titre le quotidien francophone L'Orient-Le Jour, ce jeudi matin qui ajoute que «le Liban s'engage dans la crise totale». La plupart des quotidiens libanais relèvent également la difficulté de la tâche de former un nouveau gouvernement, alors que se poursuit le bras de fer entre le camp Hariri et celui du Hezbollah. L'Arabie saoudite et la Syrie ont, de leur côté, définitivement mis fin à leurs tentatives de médiation entre le Hezbollah et le Premier ministre libanais Saad Hariri, ont indiqué, hier, mercredi, des diplomates à New York. Le roi d'Arabie saoudite Abdallah a indiqué au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon qu'il mettait fin à sa tentative de résoudre les tensions entre les deux parties, selon un diplomate. La Syrie a, pour sa part, fait savoir qu'elle ne pouvait pas faire plus, a souligné un autre diplomate. La Syrie et l'Arabie saoudite menaient des efforts depuis l'été dernier en vue d'apaiser les tensions dans ce pays divisé depuis l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais dans un attentat à Beyrouth. Le Hezbollah, qui accuse le TSL d'être «à la solde d'Israël et des Etats-Unis», affirme s'attendre à être mis en cause dans ce meurtre et fait pression sur Saad Hariri pour qu'il désavoue le tribunal. Mais Hariri refuse tout compromis sur le TSL qui doit rendre prochainement son acte d'accusation. «Les 10 ministres de l'opposition présentent leur démission, en espérant que le président de la République, Michel Sleimane, prendra rapidement les mesures nécessaires pour former un nouveau gouvernement», a annoncé le ministre de l'Energie, entouré des autres ministres démissionnaires. Avec ces 10 démissions, le camp du Hezbollah est retourné dans les rangs de l'opposition après avoir participé à un cabinet qualifié de «désunion», les profondes divergences entre les deux bords ayant empêché toute décision, comme ce fut le cas pour tous les gouvernements de coalition formés depuis 2005. Le onzième démissionnaire est le chiite Adnane Sayyed Hussein, un des cinq ministres proches de Sleimane, pourtant considérés comme neutres. Le cabinet, qui comptait 30 ministres, s'effondre si plus d'un tiers des ministres se retirent, le Conseil des ministres nécessitant un quorum des deux tiers pour se réunir. Sleimane doit procéder à des consultations avec les groupes parlementaires pour nommer un nouveau Premier ministre. Hariri, appuyé par l'Occident et l'Arabie saoudite, pourrait être de nouveau nommé, son camp disposant de la majorité parlementaire. «Tous leurs scénarios visaient à faire plier Hariri pour qu'il désavoue le tribunal et quand ces scénarios ont échoué, ils ont déclaré une guerre politique contre lui», a affirmé Mohammad Rahhal, ministre de l'Environnement.