La situation de la Tunisie est différente de celle de l'Algérie, selon M.Belayat, membre du bureau politique du FLN. Abderrahmane Belayat, membre du bureau politique du FLN, ne croit pas à la révolution de jasmin. «Nous ne sommes pas en présence d'une révolution en Tunisie», a-t-il déclaré, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Il a cerné l'effervescence politique que connaît la Tunisie et estime qu'il s'agit d'une remise en cause du système politique hérité de l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali. «La Tunisie est passée du parti unique sous l'ère Bourguiba à celui de l'hégémonie du RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique) sur la scène politique tunisienne», a-t-il rappelé. Selon M.Belayat, le système instauré par Ben Ali n'a pas laissé de soupape à la société pour exprimer ses préoccupations pacifiquement. C'est ce qui explique, selon lui, l'intensité de la révolte de la population tunisienne, portée par sa frange juvénile. Seulement, il a estimé que ces manifestations sont loin d'enclencher un processus révolutionnaire. «Une révolution engendre une situation composée de deux éléments essentiels. Il s'agit de la remise en question de ce qui a été fait et de l'effet de terreur», a-t-il argumenté. En ce sens, il s'est référé aux déclarations faites samedi par le Premier ministre tunisien du gouvernement dit d'Union nationale. «M.Ghanouchi avait déclaré qu'il y a des acquis qu'il ne faut pas perdre», a fait remarquer M.Belayat. Pour rappel, le chef du «gouvernement d'Union nationale» s'est engagé à préserver certains acquis sociaux «pendant la transition». Sur ce plan, il a cité le code du statut personnel hérité de l'époque de l'ancien président Habib Bourguiba. Ce code interdit, entre autres, la polygamie et garantit la gratuité de l'enseignement et l'accès à la santé. Cela dit, Abderrahmane Belayat a récusé les déclarations de M.Ghannouchi sur la réforme de la loi antiterroriste. «Il ne faut pas faire de concession sur un problème qui n'existe pas», a-t-il préconisé. Par ailleurs, l'invité de la Radio a rejeté tout rapprochement entre la situation en Tunisie et les dernières émeutes survenues en Algérie. «Notre pays traverse une phase où l'économie n'assure pas le nombre d'emplois à la hauteur de la demande», a-t-il signalé. La position de Belayat est claire: à la différence de la Tunisie, l'Algérie ne vit pas une crise politique. Il a estimé que le gouvernement est en mesure d'apporter les solutions économiques appropriées aux problèmes politiques posés. Cela dit, il a taclé Seddik Chihab, membre du bureau politique du RND et vice-président à l'APN. Ce dernier a estimé récemment, que le gouvernement s'était trompé de priorité. «Non, je ne pense pas que le gouvernement se soit trompé de priorité», a annoncé M.Belayat. Aussi, il a émis des réserves sur l'appel de Bouguerra Soltani, président du MSP, à ouvrir le dialogue avec toutes les couches de la société. «Le problème n'est pas aussi compliqué», a minimisé Abderrahmane Belayat. Les trois partis de l'Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP) mènent une valse à trois tons...et à trois sons de cloche différents. Cela ne semble pas préoccuper pour autant M.Belayat. «L'Alliance présidentielle est capable de s'entendre pour mener le programme présidentiel à bon port», a-t-il souligné. En attendant, une préoccupation subsiste: le gouvernement est-il en mesure d'endiguer la hausse des prix annoncée pour avril prochain? Surtout que le feu de la colère sociale couve...