Les ministres Ould Abbès et Amar Tou ouvrent une nouvelle page avec les partenaires sociaux. Les leçons des dernières émeutes ont t-elles été retenues? Une choses est sûre: le gouvernement se montre plus ouvert aux doléances des syndicats autonomes. Il s'attaque, ainsi, à deux secteurs sensibles: la santé et le transport. Preuve en est, les représentants des praticiens de la santé publique ont été reçus hier au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, à Alger. «L'objectif de cette réunion est d'installer une commission mixte (constituée de membres du ministère et du partenaire social) pour travailler sur le projet portant sur l'amendement du statut particulier», a déclaré le Dr Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), joint hier par téléphone. L'actuel ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, donne l'impression de vouloir ouvrir une nouvelle page avec les syndicats de ce secteur. C'est ce qui ressort du constat fait par le Dr Merabet. Ce dernier a donné pour indice, l'adoption de la création de la-dite commission mixte par la tutelle. «Ce principe a été rejeté dans le fond et dans la forme par l'ancien ministre, le Dr Saïd Barkat», a-t-il souligné. Le Snps tiendra, demain et après-demain, son conseil national pour se prononcer, officiellement, sur les dernières mesures prises par le ministère. L'apaisement est palpable, également, dans le secteur des transports. Les trois syndicats principaux y activant ont été reçus, dimanche, au ministère des Transports. Il s'agit de la Fédération nationale des transporteurs de voyageurs et de la marchandise (Fntvm), la Fédération nationale des chauffeurs de taxi (Fnct) et de la Fédération nationale des auto-écoles (FNA), les trois syndicats affiliés à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). «Les représentants du ministre nous ont invité à leur transmettre nos doléances par écrit», a annoncé Boucherit Abdelkader, président de la Fntvm, contacté par nos soins. Mieux, les conseillers du ministre Amar Tou ont invité ces trois fédérations à leur proposer des «solutions» pour la prise en charge de leurs revendications. Surtout que ce secteur névralgique appelle des mesures d'urgence. «C'est l'anarchie qui règne dans le domaine des transports», a regretté M.Boucherit. Ce dernier a indiqué que la fédération est disposée à maintenir les prix actuels du transport. «Nous allons oeuvrer pour le maintien des prix actuels, dans le cadre de la concertation avec le ministère», a assuré M.Boucherit. Seulement, il a invité la tutelle à apporter des solutions concrètes à leurs doléances dans un délai n'excédant pas un mois. «Le cas échéant, toutes les options sont envisageables, y compris celle d'une grève générale», a-t-il averti. Pour sa part, Hocine Aït Braham, président de la Fnct, a salué la démarche du ministère. «Cette fois-ci, nous sommes optimistes quant à la volonté du ministère de trouver des issues favorables à nos revendications», s'est-il félicité. Le département de Amar Tou s'attaque, ainsi, aux foyers de la colère dans son secteur qui compte plus de 300.000 intervenants. Cela dit, l'Ugcaa tiendra son conseil national, mercredi, pour prendre des résolutions en fonction de la situation actuelle du pays. Au demeurant, un autre secteur, aussi important, vit au rythme de la contestation des syndicats autonomes. C'est celui de l'Education. «Le ministre a tourné le dos à nos revendications. Pour lui, la page est tournée», a déploré Idir Achour, chargé de communication du Conseil des lycées d'Algérie (CLA). Ce syndicat figure parmi les organisations autonomes qui constituent la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, (Cncd, appellation provisoire). Pour rappel, la Cncd a appelé à une manifestation nationale dont la nature sera définie lors d'une assemblée vendredi prochain. «Cette manifestation se tiendra le 10, le 11 ou le 12 février», a déclaré Me Mustapha Bouchachi, dans une interview accordée, hier, au journal électronique Toutsurlalgérie (TSA). Le mot d'ordre de cette action portera sur «la levée de l'état d'urgence». Cette revendication tend à faire consensus entre syndicats et associations autonomes et partis d'opposition. Le gouvernement fera-t-il cette concession? Surtout qu'il s'agit d'éviter un autre embrasement social.