Il est 10h, la ville est paralysée par la grève générale à laquelle ont appelé les délégués. Le rassemblement au centre-ville auquel a appelé la coordination de la commune de Tizi Ouzou pour le soutien aux détenus et la dénonciation des élus, a vite dégénéré. Il est 10h, Tizi Ouzou, paralysée par la grève générale à laquelle ont appelé les ârchs, connaissait une affluence particulière. L'esplanade de la vieille mairie (lieu du rassemblement), était le point de chute de tous les Tizi-Ouzéens. Il y avait autant de badauds que de gens venus pour prendre part au sit-in. Restée en retrait, Malika Matoub, la soeur de Lounès observait la scène de loin. En face, les CNS parqués derrière la clôture du théâtre communal, étaient prêts à parer à tout éventuel débordement. Banderoles noires déployées, des dizaines de jeunes appuyés par quelques délégués des différentes localités, scandaient à tue-tête les slogans des ârchs. Quelques minutes plus tard, deux Nissan de la Bmpj stationnaient au niveau du jet d'eau. Les policiers en palabres avec les délégués, leur demandaient de veiller au cadre pacifique du rassemblement. Ce fut le cas. Toutefois, près d'un quart d'heure après, la manifestation allait prendre une autre tournure avec l'arrivée à l'improviste du côté de l'artisanat d'un renfort impressionnant de CNS appuyé par le fameux camion chasse-neige. La placette du rond-point est copieusement arrosée par les gaz lacrymogènes. Pris de court, les manifestants couraient dans tous les sens. Les plus téméraires arrachaient les lampadaires pour dresser des barricades et empêcher ainsi l'évolution du camion chasse-neige. De leurs côtés, les Nissan, toutes sirènes hurlantes, sillonnaient à tombeau ouvert les rues perpendiculaires. Cette intervention musclée des ser- vices de sécurité a pu contenir la manifestation au bout d'une demi-heure. A 11h30, la ville reprenait son cours ordinaire. Commerces fermés, rues désertées et jonchées de douilles et de pierres, la grande rue offrait un triste spectacle. Aux environs de 13h30, le quartier des Genêts prenait le relais de la protesta. La rue Lamali était squattée par une dizaine de CNS face à autant de jeunes. Les échanges grenades lacrymogènes et balles en caoutchouc contre pierres et cocktails Molotov, au cours desquels, un policier a été blessé par un projectile à la tête, ont duré près de deux heures.