Après la presse et les grands patrons de la planète, le chef d'Etat français va cette fois dérouler son agenda devant ses pairs de l'UA réunis à Addis Abeba, en mettant l'accent sur la gouvernance, l'aide aux pays pauvres et la transparence des marchés des matières premières. Nicolas Sarkozy devait poursuivre aujourd'hui sa tournée de promotion des priorités de la présidence française des G8 et G20 par une étape au Sommet de l'Union africaine (UA), en Ethiopie, où il espère enrôler l'Afrique dans sa croisade pour la régulation des marchés. Après la presse et les grands patrons de la planète, le chef d'Etat français va cette fois dérouler son agenda devant ses pairs de l'UA réunis à Addis Abeba, en mettant l'accent sur la gouvernance, l'aide aux pays pauvres et la transparence des marchés des matières premières. Nicolas Sarkozy le répète depuis des mois, l'Afrique sera une «priorité» de son mandat à la tête des G8 et G20. Jeudi, il a affiché ses ambitions pour l'Afrique devant le 41e Forum économique mondial à Davos. D'abord sur le front diplomatique, en appuyant une vieille revendication de ceux qui ne veulent plus être, selon le mot du président congolais Denis Sassou Nguesso, la «cinquième roue de la charrette». «J'ai toujours considéré comme profondément déraisonnable qu'il n'y ait pas un seul pays africain membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies», a-t-il dit. Ensuite sur celui de l'aide au développement. Dans la capitale éthiopienne, le chef de l'Etat français va plaider pour les financements innovants, condition sine qua non des engagements pris par les pays «riches» en 2005 sur les objectifs du millénaire puis en 2009 à la réunion de Copenhague sur le climat. Il doit notamment y prôner la mise en place, très contestée, d'une taxe «infinitésimale» sur les transactions financières. «Nous n'avons pas le choix si nous voulons ne pas être parjures», a-t-il affirmé en Suisse. Enfin, le président français veut détailler son plan pour introduire plus de transparence et de stabilité sur les marchés des matières premières, notamment alimentaires. «Ce n'est l'intérêt de personne que de voir dans le monde de nouveau des émeutes de la faim», a-t-il argué à Davos. Sur tous ces sujets, Nicolas Sarkozy espère le soutien des Africains. «La France est l'avocate de l'Afrique et l'Afrique peut soutenir les positions de la France», avait-il résumé lors du Sommet Afrique-France à Nice (sud de la France) mi-2010, «c'est toute une influence que j'essaie de mettre en place». Le sommet du G8 fin mai à Deauville (nord-ouest de la France) doit ainsi lancer un «partenariat renforcé» entre les huit grands pays industrialisés de la planète et le continent noir. Et celui du G20 six mois plus tard à Cannes (sud) accoucher de projets concrets en matière d'infrastructures. Même largement applaudi, ce calendrier n'a pas rassuré les sceptiques et autres habitués des promesses sans lendemain. Dans le quotidien Le Monde, le chanteur irlandais et cofondateur de l'ONG One, Bono, a ainsi exhorté «l'homme pressé qui dirige la France» à passer aux actes. Et notamment en matière de transparence dans l'extraction des ressources naturelles, un secteur qui alimente largement la corruption. Selon son entourage, le chef de l'Etat français a justement prévu de «pousser ce dossier» en Ethiopie et, plus généralement, d'y «souligner les progrès, souvent sous-estimés, accomplis en Afrique en matière de bonne gouvernance». Alors que la crise postélectorale s'enlise en Côte d'Ivoire et que les répliques du séisme de la «révolution du jasmin» en Tunisie secouent l'Egypte, Nicolas Sarkozy profitera de son séjour éthiopien, le premier d'un président français depuis celui de Georges Pompidou en 1973, pour parler politique. Outre un petit-déjeuner avec le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, de nombreux entretiens sont annoncés en marge du Sommet de l'UA, notamment avec le président nigérian, Goodluck Jonathan.