Il faut «gérer la pré-catastrophe urbaine», pour éviter de tomber dans la même situation que lors du séisme de Boumerdès en 2003, les inondations de Bab El Oued en 2001, celles de Ghardaïa récemment ou bien encore le séisme de Chlef de 1980, préviennent les spécialistes urbanistiques, intervenant hier, à la table-ronde, organisée par le quotidien El Moudjahid. La gestion de la pré- catastrophe est la seule solution judicieuse et plausible que préconise le professeur en génie sismique, Abdelkrim Chelghoum, également membre du club des risques majeur. Dans l'état actuel «de la politique urbaine de la puissance publique, il vaut mieux surseoir à l'extension anarchique pour faire le point», dira un autre expert. Le professeur Chelghoum est catégorique: «Les principes primordiaux à l'ordonnancement du programme de construction, qui sont au nombre de 5 ne sont pas respectés. Il s'agit, entre autres, des principes relatifs à l'étude d'impact, à la prévention, la correction à la base, la sécurité et la participation», explique le même intervenant. Dès lors, souligne-t-il, «on n'a pas besoin d'un million de logements. Pas autant qu'on a besoin de réparer et de réhabiliter, d'abord, notre patrimoine existant, particulièrement, en vieux bâti». «Il fallait prendre en compte les risques majeurs ou les aléas naturels et puis l'enjeu qui est relatif à la ville, le barrage, la centrale électrique, etc. En somme, deux facteurs que nous avons quantifiés avec la Banque mondiale», a-t-il appuyé. Et regrettant que «si les études en question ont été préconisées depuis l'année 2003, en revanche, les pouvoir publics ne les ont pas prises en compte», a-t-il affirmé. Par conséquent, Chelghoum y voit la solution dans la création d' «un organisme national indépendant regroupant toutes les compétences». «Le cas des 7 ingénieurs exerçant pour le compte du CTC de Batna, licenciés pour avoir contrôlé non conforme aux normes le nouveau centre universitaire de Batna», illustre parfaitement cet état des lieux. Le risque encouru est le produit résultant de la jonction entre deux facteurs, qui sont les catastrophes naturelles ou autres et selon le président de l'Ordre national des architectes, Abdelhamid Boudaoud, «la zone nord ou septentrionale du pays est hyper-urbanisée, on a recensé 3500 habitants par km². Actuellement, la ville fait face aux innombrables problèmes dus à la crise urbanistique». «La violence urbaine trouve son origine dans les injustices et inégalités dominant nos villes», a-t-il estimé. de rappeler que «sur 12.000 plans d'occupation des sols recensés, 4000 seulement ont été adoptés. On investit beaucoup plus sur les études que sur les ressources humaines. Il y a manque de gouvernance et de maturité en matière de gestion urbaine de nos cités, illustré par les bâtisses inachevées et hors normes, ainsi que les constructions illicites qui sont légion», déplore-t-il. Avant d'interpeller les hauts responsables concernés à recycler le personnel. Au yeux de cet expert, il est inconcevable que «le directeur technique de la commune ne soit pas désigné par le département de l'habitat, mais conjecturalement par le P/APC».