Outre les tremblements de terre, les inondations, la désertification, les dangers technologiques et industriels, le pays fait face à d'autres menaces. Le séisme qui a ébranlé Haïti, il y a de cela un mois et causé la mort de plus de 120.000 personnes, a réveillé les douloureux souvenirs de catastrophes similaires qu'a vécues l'Algérie ces dernières années. Le souvenir des séismes de Chlef et de Boumerdès, l'explosion de gaz à Skikda, l'invasion acridienne et les inondations de Bab El Oued et plus récemment celles de Ghardaïa et Béchar, sont remontés à la surface pour rappeler l'omniprésence des risques majeurs menaçant le pays. C'est justement pour débattre de ce sujet qu'une table ronde sur le thème de la prévention des risques et la résistance des sites et grands ouvrages a été organisée hier au siège d'El Moudjahid. Ainsi, l'ensemble des intervenants se sont entendus pour interpeller les pouvoirs publics afin d'engager une politique claire et efficace de prévision des risques majeurs, compte tenu de l'ampleur des préjudices humains, financiers et environnementaux causés par ces catastrophes. Sur ce sujet, Abdelkrim Chelghoum, professeur et président du Club des risques majeurs, et spécialiste en génie parasismique, a expliqué que «notre pays est confronté au moins à une douzaine de ce type de risques». Ainsi, outre les tremblements de terre, les inondations, la désertification, les dangers technologiques et industriels, dus à l'édification d'installations électriques et chimiques dans des zones fortement urbanisées, d'autres menaces ne sont pas à exclure. Toutefois, la question qui se pose est de savoir si l'Algérie a les moyens pour faire face à ces risques. Non, soulignent les experts ayant pris part à cette table ronde. Ainsi, pour le président du Centre national de recherche appliquée en génie parasismique (CGS), Mohamed Belazougui, les décrets adoptés en 1985, soit seulement quelques années après le tremblement de terre de Chlef, ne sont pas encore appliqués de manière effective. Il a expliqué que le premier décret, portant le n°85-231 du 25 août 1985 fixant les conditions et modalités d'organisation et de mise en oeuvre des interventions et secours en cas de catastrophes, a été appliqué à hauteur de 80%. Toutefois, selon lui, on ne peut pas en dire autant du décret n°85-232 du 25 août 1985 relatif à la prévention des risques de catastrophes. Dressant le bilan de son application, le responsable a indiqué que ce texte n'a jamais fait l'objet d'une action concrète sur le terrain. Ce qui dénote la quasi-inexistence d'une politique claire de prévention des risques majeurs, déplorent la plupart des intervenants. D'autant plus que l'Algérie a déjà payé un lourd tribut par le passé et qu'elle est encore plus que jamais exposée à des risques de catastrophes identiques à celles des inondations de Bab El Oued ou encore le tremblement de terre de Boumerdès.