«Les risques de chaos au Moyen-Orient et en Afrique du Nord sont désormais certains et inévitables, si les régimes arabes n'oeuvrent pas à des transitions politiques ordonnées et immédiates» Les vents des révoltes, soufflant sur nombre de pays arabes, sont-ils annonciateurs d'un tsunami, qui risque d'emporter sur son passage les anciennes dictatures et monarchies? Washington en est, en tous les cas, convaincu. Cette hypothèse a été, fort bien, entonnée, hier, par la porte-parole de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, «intimant» aux pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord d'entamer, dans les plus brefs délais, des processus de démocratisation. S'exprimant lors d'une conférence de presse, à Munich, portant sur la sécurité, Hillary Clinton a soutenu, clairement, que la démocratisation du Monde arabe pour répondre aux aspirations de sa jeunesse est impérative. En raison des risques de déstabilisation planant sur tout le Moyen-Orient, nés à la suite des soulèvements signalés ça et là, elle a appelé à une transition ordonnée dans tous les pays arabes en général, mais en Egypte en particulier. Tous les indicateurs sont au rouge, a-t-elle soutenu, «au Moyen-Orient, la conjoncture est parfaite pour qu'une tempête, éclate», en faisant savoir, sans détours, que les «risques de chaos» dans la région sont désormais certains et inévitables, si les régimes arabes n'oeuvrent pas à des transitions politiques ordonnées et immédiates. Selon la diplomate américaine, la démocratie et l'économie n'ont pas «convergé dans le même sens dans les pays arabes». Résultat, a-t-elle relevé, «cela peut engendrer le chaos et une instabilité à court terme, voire pire», en soulignant à l'occasion, que le régime de Moubarak a définitivement été lâché par les Etats-Unis. En mettant en garde contre des risques d'explosions populaires à travers le Monde arabe, Hillary Clinton a également demandé aux dirigeants arabes et maghrébins de ne pas se cacher derrière la peur des islamistes pour mener l'ouverture démocratique. Selon elle, «la lutte anti-terroriste longtemps avancée pour juguler et étouffer les libertés d'expression et verrouiller le champs politique, ne tient plus la route. Des réformes partielles, a-t-elle soutenu, pourraient entraîner un détournement des mouvements par «de nouveaux autocrates» ou faire le jeu de «l'extrémisme». Du fait, elle a suggéré aux pays arabes d'entamer des transitions, le plus rapidement possible, mais aussi qu'ils amènent au pouvoir, que ce soit en Egypte, au Yémen ou en Jordanie, des responsables prêts à ménager les intérêts américains -l'accès aux ressources naturelles. Et d'ajouter, dans le même sillage, les changements politiques au Moyen-Orient et au Maghreb sont «une nécessité stratégique». Car, a-t-elle noté, «sans progrès authentiques vers des systèmes politiques responsables et ouverts, le fossé entre les peuples et leurs gouvernements va grandir et l'instabilité ne fera que s'accroître. L'ensemble de nos intérêts serait en péril». Par ailleurs, Hillary Clinton a avancé qu'à l'heure actuelle: «des transitions avancent dans certains pays rapidement, tandis que dans d'autres cela prendra plus de temps», en référence aux contextes différents de la contestation en Tunisie, qui a chassé le président Ben Ali, et en Egypte, où le président Hosni Moubarak refuse de partir tout de suite. Cette inquiétude de voir les pays arabes, sans exception aucune, plongés dans le chaos, est partagée par les autres dirigeants occidentaux présents à Munich. «Plus on attend, plus il est probable qu'on risque d'avoir un jour affaire à une Egypte qui ne nous plaira pas», a ainsi acquiescé David Cameron, le Premier ministre britannique, soutenant qu'une plus grande stabilité en Egypte passait par un changement rapide dans le pays. Prudence également pour la chancelière allemande Angela Merkel, qui a plaidé en faveur d'un changement «organisé» dans les pays arabes. Pour ce faire, elle a évoqué l'expérience allemande en 1989. «Les Allemands n'avaient pas voulu attendre un seul jour pour passer à la transition, lors de la réunification de l'Allemagne», a-t-elle tonné, avant d'inviter les Egyptiens à oeuvrer pour des changements «structurés, pacifiques». Et d'ajouter que «le changement doit être organisé et nous, l'Union Européenne, comme nous l'avons dit (vendredi au sommet de l'UE à Bruxelles), nous voulons aider à ce changement». De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, partageant les même positions que l'Occident et à sa tête les USA, a enfin dit que: «ONU avait toujours exigé le changement vers plus de démocratie depuis 2002, notamment dans les pays arabes».