Le procès de l'ancien président libérien Charles Taylor, accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Sierra Leone, entre dans sa phase finale, avec le réquisitoire de l'accusation demain et la plaidoirie de la défense mercredi. La procureur Brenda Hollis soutiendra mardi, dans sa déclaration finale devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) à La Haye, que Charles Taylor a fourni armes et munitions en échange de diamants aux rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) durant la guerre civile en Sierra Leone (1991-2001). «Charles Taylor a créé, armé, soutenu et contrôlé le Front révolutionnaire uni (RUF) lors d'une campagne de terreur de dix ans» qui a fait 120.000 morts et des milliers de mutilés aux membres tranchés, affirme l'accusation dans un document résumant son argumentation. Un jugement dans le procès de M.Taylor, premier chef d'Etat africain poursuivi par la justice internationale, est attendu mi-2011. Selon des témoins, les hommes soutenus ou dirigés par l'ex-président ont étendu des intestins humains sur des routes, arraché des foetus au ventre de leurs mères et mangé de la chair humaine pour terroriser les civils. M.Taylor a reçu pour «de nombreux millions de dollars» de diamants du RUF, extraits pour la plupart par des civils «dans des conditions équivalentes à l'esclavage», selon l'accusation. L'ancien président, dont le procès s'était ouvert en janvier 2008 à La Haye pour des raisons de sécurité, aurait offert plusieurs de ces diamants au mannequin britannique Naomi Campbell après un dîner en Afrique du Sud organisé en 1997 par Nelson Mandela, selon l'ancien agent du top model. La défense de Charles Taylor, qui nie avoir reçu des diamants du RUF et plaide non coupable de onze chefs d'accusation - pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre -, notamment meurtres, viols et enrôlement d'enfants soldats, plaidera mercredi. L'accusation, qui a présenté 94 témoins, et la défense qui en a présenté 21, auront l'occasion vendredi de s'exprimer une dernière fois avant que le jugement soit mis en délibéré. L'ancien président, qui qualifie de «mensonges» les témoignages selon lesquels il aurait lui-même commis des actes cannibales, avait affirmé aux juges ne voir aucun problème dans le fait que des crânes humains aient été exposés à des points de contrôles militaires en Sierra Leone.