Le procès de l'ancien président libérien, Charles Taylor, devrait être repoussé à une date ultérieure. Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) devant le juger n'a pas l'argent nécessaire pour fiancer la défense de son accusé, le premier ancien chef d'Etat africain à comparaître devant la justice internationale. Accusé d'atrocités commises contre des civils en Sierra Leone dans les années 1990, Charles Taylor avait estimé, à l'ouverture de son procès le 4 juin, qu'il n'aurait pas droit à un procès équitable, exigeant d'assurer lui-même sa défense, comme Milosevic, l'ancien président serbe, l'avait fait devant le tribunal de La Haye et où il est mort avant d'être condamné. Alors qu'il est également accusé d'avoir dilapidé les ressources du Libéria et organisé un trafic de diamants au Sierra Leone, Taylor est étrangement reconnu “indigent” par le TSSL qui s'est même proposé de rémunérer sa défense ! Mais le tribunal, paralysé par des contraintes budgétaires, avoue ne pas pouvoir constituer pour Taylor une équipe de défense à la mesure de ses crimes. Pourtant ce genre de questions n'avait pas lieu dans le procès de Milosevic. Le tribunal de La Haye avait disposé de toutes les ressources imaginables. La juge présidant la chambre du TSSL, Julia Sebutinde, a annoncé un éventuel report du procès. Charles Taylor, 59 ans, incarcéré à La Haye depuis mars 2006, doit répondre de 11 chefs d'inculpation de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Il est notamment accusé d'avoir soutenu les rebelles qui ont martyrisé les civils en Sierra Leone, faisant 120 000 morts et des milliers de mutilés durant la guerre civile de 1991-2001. D. B.