Le ministère a qualifié cette grève d'«illégale et injustifiée». «Nos revendications sont prises avec beaucoup de légèreté par le ministère, à l'égard de 100 000 paramédicaux», peut-on lire sur une affiche accrochée à l'entrée du Centre Pierre et Marie Curie (Cpmc), au sein de l'hôpital Mustapha-Pacha, à Alger. Les paramédicaux sont passés à l'action hier. Ils ont répondu massivement à l'appel du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) pour une grève nationale et illimitée. La réaction du ministère ne s'est pas fait attendre. «La grève du 2 février 2011 ainsi que celle de ce jour (hier), 08 février 2011, sont totalement injustifiées et ont été déclarées illégales par la justice, car non fondées», a déclaré le ministère, via un communiqué parvenu à notre rédaction. Motif évoqué: «Le nouveau projet de statut LMD (Licence, Master, Doctorat) et la classification à la catégorie 11 ont été déposés à la direction générale de la Fonction publique avant le premier appel à la grève du 02 février 2011.» Le SAP a rejeté cette version. «Nous avons eu une réunion au ministère, avant-hier (dimanche). Le représentant de la Fonction publique nous a indiqué qu'il n'ont pas reçu les documents relatifs à nos revendications», a soutenu M.Yacoub, l'un des responsables nationaux du SAP. Les divergences entre les deux parties ont donné lieu à une véritable guerre des chiffres. «Le taux de suivi de la grève est de 88, 35%. Il est supérieur à celui des deux journées de grève que nous avons observées au tout début de ce mois», a déclaré, hier, M Yacoub, l'un des responsables nationaux du SAP, joint par téléphone. La version du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière est tout autre. «Le taux de suivi de cette grève est de 11,24%, au niveau de 22 wilayas», a-t-on estimé au niveau de la cellule de communication du ministère. Le ton est à la minimisation au niveau du département de Djamel Ould Abbès. «Au niveau des centres hospitalo-universitaires (CHU), la grève a été suivie à 5,57% seulement», a annoncé la même source. Elle a cité, entre autres, les CHU de Mustapha-Pacha, de Bab El Oued et de Tizi Ouzou. Le SAP a réfuté ces statistiques. «Le ministère est libre de donner les chiffres qu'il veut. La réalité du terrain est irréfutable. La grève a été massivement suivie», a tranché M.Yacoub. Retour sur le premier jour du débrayage. Le personnel paramédical de l'hôpital Mstapha-Pacha est en ébullition. Plus d'une centaine de personnes observent un sit-in devant le Centre Pierre et Marie Curie. «L'administration nous menace de procéder à des ponctions sur salaire. Elle qualifie notre action d'abandon de poste», a dénoncé M.Tamourt, secrétaire local du SAP. Les paramédicaux ne lâchent pas, pour autant, prise. La grève a été largement suivie, à l'échelle nationale. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, les paramédicaux ont répondu en masse à l'appel du SAP. Le même tempo est enregistré dans la wilaya de Béjaïa. Seulement, dans cette région, c'est le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) qui a pris les devants. «La grève a été à 100%», a annoncé une source bien informée. En outre, 150 personnes du secteur paramédical ont marché de la Maison de la culture vers le siège de la wilaya, a précisé la même source. Le vent de la colère a soufflé aussi dans l'ouest du pays. A Oran, le mot d'ordre du SAP a été respecté. «Le taux de suivi du débrayage est très élevé. Il est de 100% dans certains centres sanitaires tels que le centre hospitalo-universitaire de Canastel et la clinique spécialisée en ophtalmologie, au centre-ville», ont fait remarquer des sources dignes de foi. La wilaya de Constantine ne déroge pas à la règle. Le bras de fer entre les paramédicaux et le ministère risque, fort bien, de s'inscrire dans la durée.