Au moment où la classe politique se rétrécit, des initiatives de création de partis politiques voient le jour. La barre des 5% des suffrages dont a parlé le Président Bouteflika le jour du scrutin du 10 octobre, n'a pas désarmé les personnalités politiques qui croient à leur vocation sans se situer cependant dans un camp politique bien arrêté. Ils se revendiquent pour la plupart du camp «démocratique». Ce sont d'anciens députés ou personnes qui ont assumé durant un moment des responsabilités importantes dans des partis, ou ont exercé des fonctions importantes. Dans ce dernier cas, on peut insérer Sid-Ahmed Ghozali, l'ancien Premier ministre, dont le mandat a coïncidé avec l'arrêt du processus électoral en 1992, qui a créé le Front démocratique (FD), et qui n'a pas encore obtenu son agrément ou Ahmed-Taleb Ibrahimi qui a créé Wafa - un parti non agréé qui a failli représenter un véritable danger pour le candidat Bouteflika en 1999- pour ratisser dans l'océan islamiste ou enfin, Mouloud Hamrouche qui estime que le moment n'est pas encore venu pour mettre sur pied un parti. Parmi les anciens députés on peut citer Abdesselem Ali-Rachedi, ancien cadre du FFS, qui a, au départ, créé El-Badil avec d'autres personnalités, et qui vient de créer Essabil. Parmi ces personnalités on retrouve Sofiane Djillali qui reste avec Bendrihem à la tête d'El-Badil. Le premier était secrétaire général du PRA et le second était député du RND. Il y a enfin les initiatives d'anciens militants du MDA de Ben Bella comme le MPA de Hocine Guermouche, mais qui n'a pas donné de suite ou les regroupements affiliés au pouvoir tel le MCN qui gravite autour du générique de la «concorde nationale». Toutes ces initiatives interviennent dans une conjoncture très particulière. Elle se caractérise par la faillite d'une classe politique qui n'a pas su ou pu proposer une alternative au point que l'on se retrouve dans une nouvelle bipolarité nationaliste et islamiste. Le courant «démocratique» n'a jamais pu convaincre les électeurs du bien-fondé de sa stratégie. Il préfère désormais se glisser dans la course électorale avec des justificatifs discutables. Lorsque le Président parle des 5% des suffrages exprimés pour garder le statut de parti politique, il s'adresse en premier lieu à ces derniers, qui craignent les échéances électorales plus que tout autre chose. L'état inflationniste de la classe politique algérienne mérite une valorisation substantielle de la monnaie d'échange. Quand on a une vocation politique on doit impérativement lire et relire «Le savant et le politique» de Max Weber.