Le forum du quotidien Echaâb a reçu, hier, l'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, autour d'une conférence-débat placée sous le thème «les défis du changement pacifique en Algérie». L'occasion était pour le conférencier d'étaler les grandes lignes du projet du changement qu'il prône depuis quelques années. La synergie sectorielle, la transition et la consolidation de la démocratie sont les principaux jalons sur lesquels s'articule le projet, indique le conférencier. «Comment faire sortir le pays du cercle de la corruption, réaliser l'intégration et incarner le civisme, sont les principaux défis qui nous interpellent. La nécessité du changement s'impose actuellement comme facteur déterminant pour le développement», estime M. Benbitour. L'ex-chef de l'Exécutif constate que le pays est en phase de transition depuis la fin des années 1980 : «le multipartisme n'est pas réel et le passage à l'économie de marché traîne encore». Les revendications du projet du changement se résument en trois aspirations, explique l'orateur. Il s'agit d'un minimum de démocratie, la création de partis politiques et associations et, en dernier lieu, l'ouverture du champ médiatique «les médias lourds en particulier», tient-il à préciser. La concrétisation de l'alternatif souhaité est liée intimement à la présence d'un certain nombre de facteurs. M. Benbitour insiste à ce propos sur la pression «forte» de la société civile, l'alliance entre forces du changement et, notamment, un élément déclencheur, «comme le cas du jeune Bouazizi en Tunisie qui a permis au changement de passer à une étape décisive», dit-il. Le conférencier dira, à cet effet, que «ceux qui considèrent que ce qui s'est produit en Tunisie ou en Egypte n'a rien de commun avec le cas algérien se trompent énormément». Pour expliquer son point de vue, il renvoie l'assistance à une donnée historique fondamentale qui est la déclaration du 1er Novembre 1954 où est écrit, rappelle-t-il : «Les événements du Maroc et de Tunisie sont à ce sujet significatifs et marquent profondément le processus de la lutte de libération… ». A la lecture du passage de la déclaration, l'animateur du forum commente : «Il y a donc un lien direct». Dans combien de temps le changement pourrait se concrétiser ? A cette question, M. Benbitour admet qu'«il faut 17 ans pour construire un Etat au sens propre. L'heure est au changement et ça peut se concrétiser en deux ou trois années comme première étape». Evoquant les dernières manifestations initiées par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, à Alger, M. Benbitour qui réitère son soutien, souligne qu'«une nouvelle page vient de voir le jour». Invité à donner les raisons de sa démission du poste du chef de gouvernement au début des années 2000, Ahmed Benbitour indique que sa décision a été motivée essentiellement par son refus au principe de légiférer par ordonnance.